
La France veut construire des champs d’éoliennes au large de ses côtes. Le gouvernement a donc lancé un appel d’offre. De quoi aiguiser l’appétit des grands industriels. Mais problème : les entreprises françaises accusent un retard technologique face à leur concurrentes étrangères. Le journal de l’Intelligence Economique d’Ali Laïdi est parti à la recherche des éoliennes tricolores.
Des éoliennes en mer : une première dans l’Hexagone ! A l’horizon 2015, 600 d’entre elles commenceront à peupler le large des côtes françaises. Du Tréport à Saint-Nazaire, en passant par Fécamp, Courseulles-sur-Mer, et la baie de Saint-Brieuc. Le gouvernement a lancé un premier appel d’offre de 10 milliards d’euros. De quoi fournir 3000 méga watts, soit l’approvisionnement en électricité de près de 400 000 foyers.
Cet investissement dans les énergies renouvelables représente un tournant indéniable pour la France, qui est avant tout une puissance nucléaire. Mais du coup, dans l’éolien offshore le pays accuse quelques années de retard. L’industrie française en est encore au prototype. Autant dire que la filière est quasi inexistante. Pourtant l’appel d’offre du gouvernement est clair : les éoliennes seront fabriquées en France
Pour gagner les différents lots de l’appel d’offre, les entreprises françaises veulent constituer de puissants consortiums entre groupes de BTP et électriciens. Areva s’est par exemple alliée à GDF Suez et à l’espagnol Iberdrola-Scottish Power, numéro 1 mondial de l’énergie renouvelable. Une manière pour Areva d’afficher ses ambitions. Et l’entreprise française a bon espoir de fournir les premières machines d’ici 3 ans, même si elle admet que l’enjeu est de taille. Depuis 2009, Areva teste dans le parc expérimental allemand « Alpha Ventus » ses premières turbines.
Les Allemands, eux, n’ont pas perdu de temps. A Brande au Danemark, l’entreprise allemande Siemens fabrique pâles et générateurs. Sur le site de production, les techniques sont déjà bien rôdées. Les composantes de chaque éolienne sont assemblées ici avant d’être acheminées vers les parcs de la Mer du Nord. Cela fait 20 ans que l’entreprise ajuste son savoir-faire en la matière. Un savoir-faire qui vaut à Siemens de remporter les plus gros contrats comme sur le parc de Horns Rev 2 au large du Danemark. Le groupe fournit aussi les turbines du plus grand parc éolien offshore au monde : le London Array, dans l’estuaire de la Tamise en Grande-Bretagne. Sa capacité : 1000 méga watt. Du coup, Siemens lorgne sur le juteux appel d’offre des Français.
Il n’y a pas que les Allemands qui sont sur les starting-block. Les Espagnols ne s’en cachent pas et peut-être demain les Chinois. La compétition pour la construction des cinq parcs éoliens français s’annonce donc très serrée. D’autant qu’une nouvelle tranche de 3000 méga watts devrait être annoncée en 2012 par l’Etat français. Les milliards d’euros vont souffler sur les éoliennes.