
Le socialiste François Hollande a remporté l'investiture de son parti pour la présidentielle de 2012 avec plus de 56 % des voix contre 43 % pour Martine Aubry, à l'issue d'une primaire inédite qui aura mobilisé plus de 2,7 millions d'électeurs.
AFP - François Hollande a largement remporté dimanche soir la primaire socialiste face à Martine Aubry et portera donc les couleurs du PS en 2012, probablement face à Nicolas Sarkozy, avec l'ambition de "réenchanter le rêve français".
Le second tour a été marqué par une participation en hausse, signe d'une "légitimité" forte pour le futur candidat PS, ont fait remarquer plusieurs ténors du parti.
Désireux de montrer l'unité des socialistes après plusieurs mois d'une campagne parfois tendue, Martine Aubry, Ségolène Royal, Manuel Valls ou encore Pierre Moscovici, son coordinateur de campagne, et l'ex-Premier ministre Laurent Fabius, soutien de la maire de Lille, ont accueilli sur le perron du siège du PS le vainqueur, arrivé vers 21h20 rue de Solférino.
Devant des centaines de militants et sympathisants de gauche rassemblés dans la cour, scandant "tous ensemble socialistes!", l'élu corrézien a dit son "besoin de l'unité, du rassemblement, d'un parti socialiste solidaire" pour "la vraie bataille" à venir en 2012.
M. Hollande entend "réenchanter le rêve français", "celui qui a permis à des générations durant toute la République (de) croire à l'égalité et au progrès".
"C'est pourquoi j'ai fait de l'école de la République la grande priorité de ce qui pourra être demain mon prochain quiquennat", a lancé celui qui avait reçu le soutien des quatre éliminés du premier tour (Montebourg, Royal, Valls et Baylet).
Une demi-heure plus tôt, Martine Aubry dont M. Hollande a souligné "la dignité", avait reconnu et salué "chaleureusement" la "victoire" de son rival, annonçant qu'elle allait reprendre son poste de première secrétaire, après l'avoir abandonné pendant la durée de sa campagne.
Selon des résultats partiels portant sur près de 2,2 millions de bulletins dépouillés, le député de Corrèze était en tête avec 56,38% de voix, contre 43,62% à la maire de Lille.
C'est une "avance incontestable" et une "marque de confiance très forte" pour M. Hollande, a déclaré son ex-compagne Ségolène Royal. Le PS "offre son meilleur candidat à la France" (Harlem Désir) et a désormais "un leader incontesté" (Arnaud Montebourg).
Auparavant, le porte-parole du PS Benoît Hamon, proche de Martine Aubry, avait reconnu "avec tristesse" la défaite de sa championne.
A 17H00, deux heures avant la fermeture des bureaux, la participation était "en hausse de 6%" par rapport au premier tour à la même heure, selon Harlem Désir, disant s'attendre à dépasser les près de 2,7 millions de votants de dimanche dernier.
En outre-mer, François Hollande l'emporte largement en Guadeloupe (77,44%, définitif), en Martinique (72,44%, quasi-définitif) et en Guyane (62%, quasi-définitif). Egalement en tête en Nouvelle-Calédonie (55%). En revanche, Aubry est devant à La Réunion (55/45).
Dans la matinée, le député corrézien, très souriant, avait été le premier finaliste à voter dans son fief de Tulle. Une heure plus tard à Lille, Martine Aubry, 61 ans, s'était dite "confiante et sereine" avant de glisser son bulletin dans l'urne.
Scrutin inédit en France, la primaire a connu un important succès avec notamment de fortes audiences lors des quatre débats télévisés et un pic à 5,9 millions de téléspectateurs pour le duel de l'entre-deux tours.
Cet engouement a semé une belle pagaille à droite, jusqu'au sommet de l'exécutif: mardi, Nicolas Sarkozy a sèchement démenti son Premier ministre, François Fillon (qui avait salué "un processus moderne"), en jugeant la primaire contraire à l'esprit de la Ve République.
Jean-François Copé (UMP) a minimisé la victoire de François Hollande, en estimant qu'avec tous les ralliements qu'il avait engrangés, il aurait dû l'emporter avec "65 ou 70%" des voix. "Monsieur je ratisse tout, je ramasse tout mais je ne me positionne sur rien", a raillé Christian Jacob pendant que Laurent Wauquiez fixait l'objectif de la majorité : "rassembler le peuple de France".
Grand absent de ce scrutin auquel il prévoyait de se présenter avant que n'éclate l'affaire du Sofitel, Dominique Strauss-Kahn a voté en toute discrétion à Sarcelles.
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