Un délégué syndical a été tué par balle par des jeunes qui tenaient un barrage à Pointe-à-Pitre, selon la préfecture. Trois policiers qui tentaient de lui porter secours ont également essuyé des tirs. Une enquête est en cours.
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La crise aux Antilles vue par les Observateurs de FRANCE 24
Au 29e jour des manifestations, la Guadeloupe s'enfonce un peu plus dans la violence. Dans la nuit de mardi à mercredi, un homme d'une cinquantaine d'années a été tué par une balle à Pointe-à-Pitre, chef-lieu de l’Ile. "Il a été tué depuis un barrage tenu par des jeunes", explique à FRANCE 24 le préfet de la Guadeloupe, Nicolas Desforges, qui a tenu à affirmer clairement qu’il ne s’agissait pas "d’un affrontement avec les forces de l’ordre".
La victime, la première depuis le début du mouvement de contestation entamé il y a un mois, Jacques Bino, un syndicaliste, sortait d’un meeting du LKP, le collectif à l'origine du mouvement de grève. Lors de la fusillade, il se trouvait à bord d'une voiture dans la cité Henri IV, une zone sensible du quartier Chanzy à Pointe-à-Pitre. La personne qui l’accompagnait est actuellement auditionnée par la police. Une enquête est en cours.
Prévenus vers 00H18 (04H18 GMT), "la police et les pompiers (…) ont eu infiniment de difficultés à progresser et arriver jusqu’au lieu où étaient cette voiture et ce blessé. Ils n’y sont arrivés qu’à 2h50 du matin pour constater que l’homme présentait une plaie au thorax et était mort", raconte le préfet.
La Martinique et la Réunion aussi touchées
Cette même nuit, trois policiers et trois gendarmes au moins ont été légèrement blessés par des tirs d'armes à feu alors que les affrontements entre jeunes et forces de l'ordre se multipliaient. Outre le décès du syndicaliste et ces blessés, la cellule de crise de la préfecture a établi un bilan des affrontements de la nuit : quinze commerces pillés, sept établissements incendiés, vingt-et-un véhicules brûlés, treize interpellations et une soixantaine d'interventions de pompiers.
Depuis deux jours, l'île connait une véritable montée de violence. Des casseurs incendient les véhicules, pillent les magasins et des émeutes éclatent. Dans la nuit de lundi à mardi déjà, des violences avaient éclaté dans plusieurs villes de l’île. Des casseurs cagoulés avaient alors jeté des pierres et lancé des cocktails Molotov en direction des forces de l’ordre. Dix-huit personnes avaient été interpellées.
En Guadeloupe, les grèves paralysent l'activité économique depuis plusieurs semaines. Tous les jours les manifestations s’enchaînent contre le coût de la vie et les salaires et minima sociaux trop bas. Le mouvement fait maintenant boule de neige en Martinique et plus récemment à la Réunion.
Appel au calme du LKP
Se voulant rassurant, le préfet affirme que le dispositif est désormais adapté à "ces émeutes urbaines très violentes" et que des "moyens suffisants" seront déployés " la nuit prochaine".
Elie Demota, le leader du Collectif contre l'exploitation (LKP), qui mène la grève générale, a, quant à lui, lancé mercredi un appel au calme à la radio. Tout comme le gouvernement, qui pourtant ne semble pas encore décidé à mettre cette montée de violence au cœur du sommet social qui se déroule ce mercredi à l’Elysée. La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a cependant décidé de tenir mercredi à 15h00 (GMT) à Paris une réunion "consacrée à la sécurité publique aux Antilles".