![Aubry accuse Hollande d'utiliser "des mots de droite" Aubry accuse Hollande d'utiliser "des mots de droite"](/data/posts/2022/07/16/1657987161_Aubry-accuse-Hollande-d-utiliser-des-mots-de-droite.jpg)
Au lendemain du dernier débat télé entre les candidats, Martine Aubry et François Hollande ont eu des échanges musclés par radio interposée. Aubry reproche à Hollande ses "mots de droite", Hollande rétorque qu'il n'a, lui, pas besoin de "dénigrer".
AFP- Martine Aubry et François Hollande ont poursuivi à distance jeudi, à trois jours du tour décisif de la primaire PS et en durcissant leurs attaques et parades, leur débat audiovisuel de la veille, où ils n'avaient échangé que des escarmouches.
En position défensive puisqu'elle est arrivée deuxième le 9 octobre et que trois des quatre éliminés ont rallié le député de Corrèze (Manuel Valls, Jean-Michel Baylet et surtout Ségolène Royal), la maire de Lille a envoyé la première salve. Peu après, sur une autre radio, M. Hollande reprenait sa partition de rassembleur qui ne veut rien faire pour diviser.
Preuve en tout cas que les échanges socialistes intéressent les Français, le débat a attiré 5,9 millions de téléspectateurs en moyenne, a annoncé France 2. C'est "un record exceptionnel!", s'est enthousiasmé Harlem Désir (PS).
Jeudi, jour des derniers grands meetings de deux candidats (elle à Lille, lui à Paris), Martine Aubry a choisi comme angle d'attaque le "flou" des propositions de son rival. Une accusation qui va de pair avec le refus, maintes fois martelé par elle, d'une "gauche molle".
Ce thème dur-mou s'est installé au centre des débats des deux camps, depuis qu'elle l'a lancé le 5 octobre, lors du troisième débat d'avant premier tour.
"J'ai trouvé qu'il y avait des points de flou", a-t-elle commenté jeudi matin sur RTL. "J'ai bien compris qu'il essayait de passer entre les gouttes quand je lui posais un certain nombre de questions".
"Ma grand-mère disait: quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup", a poursuivi Mme Aubry, décidément en verve familiale puisqu'elle avait invoqué son père la veille, reprenant à son compte le terme de Jacques Delors de confédération d'Etat-nations de préférence à Europe fédérale.
"J'ai essayé de mettre le doigt sur certains de ces loups", a-t-elle poursuivi.
Plus grave, Mme Aubry a reproché au député de Corrèze d'avoir employé des "termes de la droite pour la CMU, pour les 35 heures" et quand il a refusé une "gauche sectaire". "C'est des mots de la droite et ca me gêne toujours quand un homme de gauche utilise les mots de la droite", a-t-elle dit.
Sur France 2, le député avait assuré ne pas avoir "envie d'une gauche dure" pour répondre à un quinquennat "brutal". "Nous serions, nous, une candidature sectaire ? Je ne le veux pas", avait-il lancé.
François Hollande avait aussi défendu sa mesure de "contrat de génération", jugée trop coûteuse par Mme Aubry, en l'opposant aux "25 milliards d'euros versés sans aucune contrepartie" aux entreprises, ce qui est en partie "lié au passage aux 35 heures", une des grandes réformes de l'ex-numéro deux du gouvernement Jospin.
Jeudi il a voulu garder de la hauteur. "Je ne veux pas être dans la dévalorisation, je n'ai pas besoin, moi, de dénigrer, de dévaluer, de dénoncer", a-t-il dit, refusant les "caricatures", les divisions entre "des durs et des mous", "les flous et les clairs".
"J'ai veillé à ce que les précisions soient apportées parce que j'ai compris qu'on venait me chercher sur un certain nombre de sujets".
En déplacement dans la matinée dans le Val-d'Oise, François Hollande a encore relativisé les tensions. "Si elle a pu être offensive c'est qu'elle a un retard à rattraper", a-t-il dit devant la presse, ajoutant vouloir "mettre (sa) pugnacité au service des Français".
Pressé sur Europe 1 de citer sa grande différence avec Mme Aubry, il a répondu: "Je cherche à chaque fois sur une ligne cohérente, à rassembler. Je ne fais jamais rien qui puisse heurter, diviser dans mon camp".
"Le seul débat qui m'intéresse, ce n'est pas le débat avec Martine Aubry - ça, c'est une condition, c'est nécessaire, c'est légitime" - mais le seul débat, c'est celui du 6 mai 2012", a-t-il encore glissé.