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Le chef de l'État français, qui ne s'est toujours pas déclaré candidat, a profité d'un discours prononcé dans la Creuse pour entrer en campagne et épingler ses adversaires socialistes, à six mois de l’élection présidentielle.

AFP - Le temps d'un déplacement dans la Creuse, Nicolas Sarkozy a troqué mardi son costume de président pour celui de candidat en brocardant ses adversaires socialistes, dans la dernière ligne droite de la course à l'investiture du PS pour la présidentielle.

La chronique de la présidentielle de 2012 retiendra peut-être que le chef de l'Etat est entré en campagne un 11 octobre 2011, quelque part du côté d'Aubusson. Dans son agenda, cette visite au coeur de la France n'avait pour seul objet que de présenter sa politique de défense de la ruralité.

Alors peut-être est-ce la présence de Martine Aubry, venue le défier à quelques kilomètres de là. Ou encore la proximité géographique de la Corrèze, le fief de François Hollande. A moins que cela ne soit la volonté de ne pas laisser le champ médiatique totalement accaparé par le duel des deux socialistes.

Toujours est-il que Nicolas Sarkozy a saisi l'occasion d'un discours pour rompre avec son image de "président au service des Français". Pendant près d'une heure d'un propos très largement improvisé, il a multiplié les critiques à l'endroit de ses futurs rivaux.

Première cible, la "démondialisation" chère à Arnaud Montebourg, troisième du premier tour de la primaire du PS et aussitôt qualifié d"arbitre" du duel Aubry-Hollande. "Refuser le monde est un mensonge (...) on peut se mettre assis dans notre fauteuil en refusant le monde, ça va beaucoup impressionner les Chinois, les Indiens, les Brésiliens", a-t-il raillé.

Puis vient le tour de Martine Aubry qui, au même moment, a dénoncé la "casse des services publics". Nicolas Sarkozy n'a voulu y voir que de la "démagogie".

"La question n'est pas de subventionner un bureau de poste qui reçoit un client tous les trois jours", a dénoncé le chef de l'Etat, pour qui "il faut choisir le développement économique endogène (...) pas une respiration artificielle qui sera débranchée dès le lendemain de l'élection".

Le président Sarkozy n'oublie pas François Hollande et sa proposition de créer 60.000 postes dans l'éducation nationale. "Il y a ceux qui, à Paris, me réclament des économies et qui dans les territoires me promettent des dépenses (...) ils mentent", a-t-il tranché.

Echauffé par les applaudissements d'une salle acquise à sa cause, le chef de l'Etat a défendu ses réformes et battu en brèche les critiques de la gauche, en dénonçant un "déchaînement de démagogie".

La promesse des socialistes de rétablir la retraite à 60 ans ? "Ce n'est pas facile de dire aux gens de travailler davantage", a-t-il souligné, "c'est tellement plus simple de proposer et de promettre n'importe quoi".

Leur volonté de revenir sur la TVA réduite à 5,5% dans les cafés et restaurants ? "Si on supprime cette TVA, ce sont beaucoup de cafés restaurants dans nos villages qui disparaîtront", a-t-il prédit, "il leur faudra bien expliquer qu'on aide la ruralité en faisant disparaître des gens qui ne demandent rien d'autre que de pouvoir travailler".

Et puis, en guise de final: "Puisque que je suis en mal de compliments, je me demande pourquoi ils parlent tant de moi, s'est-il amusé, ça serait tellement bien qu'ils parlent de leurs idées, ça changerait".

A l'intention de ceux qui douteraient de sa candidature, le président a été encore plus clair en visitant un petit commerce de La Villetelle, 170 habitants. Il a lancé au buraliste à propos de la TVA réduite: "Ne vous souvenez pas de qui vous l'a obtenue, souvenez-vous de qui veut vous la retirer!".