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La polémique enfle au sujet d'un supposé logiciel espion de la police

En Allemagne, le Chaos Computer Club, un collectif historique de hackers, accuse la police d'avoir utilisé un logiciel espion dans le cadre de ses enquêtes. Une affaire qui embarrasse les autorités, jusqu'à la chancelière Angela Merkel.

AFP - Le ministère allemand de l'Intérieur a promis lundi de faire toute la lumière sur un virus informatique de type "cheval de Troie" permettant d'espionner toute activité sur l'ordinateur infecté et découvert par une association de pirates qui accuse les autorités de l'avoir mis au point.

L'influente association allemande de "hackers" Chaos Computer Club (CCC) avait affirmé samedi avoir fait cette découverte.

Berlin s'est abstenu de confirmer, ou de démentir, que le virus a été mis au point par les autorités.

Ce "cheval de Troie permet non seulement de détourner des données hautement personnelles, mais il offre également une fonction de contrôle à distance permettant de télécharger et de contrôler d'autres programmes malveillants", a expliqué le CCC dans un communiqué.

En outre, "des erreurs grossières dans sa mise au point et dans son installation offrent des failles de sécurité béantes dans l'ordinateur infiltré, qui peuvent être utilisées par des tiers", a-t-il ajouté.

"Nous prenons les informations liées aux recherches du Chaos Computer Club très au sérieux", a déclaré lundi le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, au cours d'un point de presse régulier.

Les informations du CCC "doivent être étudiées rapidement et complètement à tout les niveaux de l'Etat fédéral, pour savoir si (le logiciel) a été utilisé. Il est très important que les Etats régionaux mènent aussi leur enquête et la chancelière Angela Merkel se tiendra informée de leur avancée".

"A notre connaissance, le programme mis en évidence par le CCC est vieux de trois ans, et, en l'état actuel de nos recherches, il n'a jamais été utilisé", a précisé le porte-parole adjoint du ministère de l'Intérieur, Markus Beyer, au cours du même point de presse.

Le ministère attend que maintenant chaque Etat régional ait terminé ses investigations, mais il n'a pas souhaité donner d'indications quant à leur durée.

La protection de la vie privée est un sujet très sensible en Allemagne, dont l'histoire a été marquée par les dictatures national-socialiste, puis communiste en ex-RDA.

En 2008, la Cour constitutionnelle allemande avait fixé des limites très strictes à l'utilisation de tels logiciels par les forces de sécurité : que des vies humaines ou que la sécurité de l'Etat soient menacées et seulement après le feu vert d'un juge.