
Thomas Sargent et Christopher Sims ont perpétué, lundi, la grande tradition des prix Nobel d’économie décernés à des Américains. Ils ont été récompensés pour leurs travaux sur les relations de cause à effet en macro-économie.
Christopher Sims et Thomas Sargent, deux économistes américains, ont reçu conjointement lundi le prix Nobel d’économie 2011. L’Académie royale des Sciences de Suède a ainsi tenu à consacrer l’importance “de leurs recherches empiriques sur les causes et les effets en macro-économie”.
Même si le comité suédois du prix Nobel se défend de choisir ses lauréats en fonction de l’actualité, les travaux de ces deux économistes ont un écho certain en ces temps de crise économique. Thomas Sargent, en poste à l’Université de New York, et Christopher Sims, professeur à l’université de Princeton, ont tous les deux développé des outils pour mesurer, entre autres, l’impact des décisions politiques sur la situation économique. Des recherches qui aident les banques centrales et les pouvoirs publics à définir leurs priorités pour tenter de relancer l'économie.
Que se passe-t-il lorsqu’une Banque centrale décide d’abaisser ses taux directeurs ? Quels peuvent être les effets des investissements publics sur les courbes du chômage ? Si les deux nobellisés ne répondent pas directement à ces questions, leurs travaux permettent “aux décideurs et aux économistes du monde entier d’analyser” ce genre de relation de cause à effet, assure le comité du prix Nobel.
Encore des Américains
Des deux lauréats, Thomas Sargent, né en 1943, est probablement le plus connu. Il est considéré comme l’un des principaux représentants de la théorie des “anticipations rationnelles”, très présente dans l’école libérale de la Nouvelle économie classique. Selon ce courant de pensée, les décisions économiques des individus, des entreprises et des États dépendent de ce qu’ils pensent faire dans le futur. “La notion d’anticipation rationnelle signifie que ce qui arrive effectivement n’est pas significativement différent (de façon régulière et prévisible) de ce à quoi les gens s’attendent”, écrit ainsi Thomas Sargent dans The Concise Encyclopedia of Economics, l’un des livres de chevet de bon nombre d’étudiants en économie à travers le monde.
Moins influent dans la bataille entre les libéraux de la Nouvelle économie classique et les Keynésiens, Christopher Sims, né en 1942, a néanmoins écrit, il y a 31 ans, “Macro-économie et réalité”, un article qui a introduit une nouvelle manière d’analyser des données économiques. Ses conclusions ont largement inspiré ceux qui travaillent depuis lors à comprendre quelles peuvent être, entre autres, les conséquences économiques d’événements inattendus.
Le choix par l’Académie royale des Sciences de Suède entérine également un peu plus la domination américaine dans cette catégorie du prix Nobel. Sur les 67 économistes récompensés depuis 1969, seuls 21 ne sont pas des États-Unis.