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La Géorgie refuse de lever son véto à l'adhésion de la Russie à l'OMC

Le dépit d'un nouveau round de négociations, la Géorgie a refusé de lever son véto sur l'entrée de la Russie au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Moscou a entamé son processus d'adhésion en 1993.

AFP - La Géorgie a annoncé samedi que les négociations pour lever son veto à l'entrée de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce avaient échoué, les pourparlers achoppant sur les territoires séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud soutenus par Moscou.

"Les négociations ont échoué. Nous ne sommes pas parvenus à un accord", a déclaré de Suisse au téléphone à l'AFP le vice-ministre géorgien des Affaires étrangères Sergui Kapanadzé, à l'issue d'un cycle de négociations avec les Suisses comme médiateurs.

"Si la position de la Russie ne change pas, je ne vois pas de raisons de convenir d'un nouveau round de négociations", a-t-il ajouté.

La Géorgie, en qualité de membre, depuis 2000, de l'OMC, bloque l'adhésion de la Russie à l'OMC, une question en suspens depuis des années, mais sur laquelle Moscou est parvenu à obtenir en 2010 l'accord de principe des Etats-Unis et de l'Union européenne.

Le différend porte sur les deux provinces séparatistes géorgiennes, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, indépendantes de facto depuis le conflit armé et l'intervention militaire russe d'août 2008, et dont la Russie a reconnu l'indépendance.

Tbilissi continue de revendiquer sa souveraineté sur ces territoires, et donc le droit d'en surveiller les frontières.

M. Kapanadzé a indiqué que la Géorgie avait cependant accepté une proposition de la Suisse prévoyant "la surveillance des voies de transit commercial par des observateurs internationaux", mais que la Russie avait refusé cette option.

La question de ces deux territoires frontaliers de la Russie empoisonne les relations entre ce pays et la Géorgie depuis 2008.

En visite à Tbilissi vendredi, le président français Nicolas Sarkozy a rappelé Moscou à ses engagements, soulignant que l'Union soviétique "n'existait plus" et défendant l'intégrité territoriale de la Géorgie.

La Russie maintient des militaires en Abkhazie et en Ossétie du Sud depuis 2008, et le président Dmitri Medvedev a paraphé vendredi les textes prévoyant d'y installer à demeure des bases militaires.

Le vice-ministre géorgien a indiqué que son pays pourrait cependant accepter de nouvelles négociations si le médiateur suisse le jugeait nécessaire.

"La Géorgie est prête à de nouvelles négociations" dans ce cas, a-t-il dit.

La Russie, qui entretient des relations exécrables avec la Géorgie depuis 2008, est la dernière grande puissance économique mondiale à ne pas être membre de l'OMC.

Moscou avait dépêché lundi dernier à Washington le vice-Premier ministre Igor Chouvalov, un proche du Premier ministre Vladimir Poutine, pour tenter de débloquer ce dossier.

Les Etats-Unis, un des principaux soutiens du régime pro-occidental du président géorgien Mikheïl Saakachvili, avaient suspendu leur accord à l'entrée de la Russie à l'OMC après l'intervention militaire russe en Géorgie en 2008.

La Russie, qui a entamé en 1993 son processus d'adhésion à l'OMC, a exprimé à plusieurs reprises sa frustration de ne pas le voir aboutir.

Vladimir Poutine a accusé jeudi les Occidentaux de se servir de la Géorgie pour faire obstacle à l'entrée de son pays à l'OMC.

Mais certains observateurs doutent aussi de la volonté de la Russie de se soumettre aux règles de l'organisation, au moment où elle vient de créer une union douanière avec le Kazakhstan et le Bélarus, deux ex-républiques soviétiques qui ne sont pas membres de l'Organisation mondiale du commerce.

"Est-ce que ça servira la Russie ? C'est cinquante-cinquante", a déclaré cette semaine M. Poutine, qui a récemment annoncé son intention de revenir au Kremlin à l'élection de mars 2012 et a suggéré la création d'une Union eurasiatique rassemblant les Etats issus de l'ex-URSS.