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Les dés sont jetés après le troisième et dernier débat télévisé‎

À quelques jours du premier tour de la primaire socialiste, les six candidats issus du parti ont abattu leurs dernières cartes, mercredi soir, lors de leur dernière joute télévisée. L'heure de dresser un bilan avant le choix des sympathisants.

À trois jours du premier tour, les six candidats à la primaire socialiste, Martine Aubry, Ségolène Royal, François Hollande, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Jean-Michel Baylet, ont fait valoir leurs derniers arguments mercredi, lors du troisième et dernier débat télévisé. Reste à savoir quel sera l’impact de ces échanges sur les militants et les sympathisants de gauche et qui sera qualifié pour le second tour, prévu le 16 octobre.

"Les [trois] débats ont été dans l’ensemble convaincants, avec une mention spéciale pour le dernier, qui a été le meilleur", explique Gérard Grunberg, directeur de recherche émérite au CNRS, spécialiste de la gauche et du PS. Et au politologue de poursuivre : "Le bilan de ces joutes verbales sera à tirer dimanche, même si on peut dire qu’ils ont joué un rôle pédagogique et qu’ils vont contribuer à mobiliser les électeurs et les sympathisants."
Des débats "policés"
Au plan politique, les candidats se sont appliqués à marquer des points en égrenant leurs propositions, se défendre en cas d’attaque et à décocher à l'occasion quelques flèches empoisonnées. "Les rares petites phrases qui ont été échangées ne resteront pas dans les annales, au final les débats sont restés trop policés", confie à France24.com un élu socialiste d’Ile-de-France, sous couvert d'anonymat.
Jusqu’ici, la tendance qui se dégage des sondages n’a pas été inversée. Ils donnent François Hollande, grand favori, devant Martine Aubry, puis Ségolène Royal, poursuivie par Arnaud Montebourg. Dans le rôle du favori depuis plusieurs mois, le député de Corrèze avait tout à perdre en se jetant dans la mêlée. "À l’issue des trois débats, François Hollande a réussi à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé : prendre de la hauteur en restant prudemment en retrait pour confirmer l’idée qu’il était le plus présidentiable", estime Gérard Grunberg.
François Hollande est déjà dans la posture du candidat de gauche qui va affronter Nicolas Sarkozy. "Dans sept mois, c'est le choix : choix de la continuité avec Nicolas Sarkozy, choix du changement avec l'une ou l'un d'entre nous", a-t-il déclaré mercredi en fin d'émission. "C'est par rapport à ce moment-là que je me suis préparé depuis de longs mois", a-t-il précisé.  Une confiance qui fait tiquer l’élu socialiste contacté par France24.com. "Il se voit non seulement vainqueur de la primaire, mais aussi de la présidentielle. Attention à ne pas tomber de haut", prévient-il.
Dans le rôle du challenger, la secrétaire du PS, Martine Aubry, "qui a eu du mal à s’affirmer", a tenté à plusieurs reprises de déstabiliser son principal concurrent, à l’instar de Ségolène Royal. "On ne combat pas une droite dure avec une gauche molle", a déclaré la maire de Lille mercredi, visant implicitement le Corrézien. "Aubry et Royal se sont trompées d’adversaire en concentrant leurs attaques contre Hollande", souligne Gérard Grunberg.
Une surprise Montebourg ?
Car selon lui, le rival des deux candidates au premier tour n’est nul autre qu’Arnaud Montebourg. "Combatif et convaincant, il a doublé Ségolène Royal et Martine Aubry sur leur gauche et tenu une ligne qui le différencie", explique le politologue. Tout au long de la campagne, le député de Saône-et-Loire s’est dit persuadé de pouvoir se qualifier à l’issue du premier tour. "On ne peut pas exclure à 100% la possibilité de voir Montebourg accéder au deuxième tour, car il est celui qui a le mieux profité de la dynamique des débats, avec - dans une moindre mesure - Manuel Valls, également très offensif", explique Gérard Grunberg.
Pour Sylvain Attal, journaliste politique au sein de la rédaction de France 24, les deux quadragénaires du PS joueront un rôle plus important dans les prochaines années. "Montebourg et Valls ont progressé en notoriété et en popularité grâce à ces débats. Ils ont déjà présidentialisé leur image en vue d'une candidature dans cinq voire dix ans", analyse-t-il.
Quel que soit le résultat, cette primaire socialiste a réussi à occuper l’espace médiatique et à capter l’intérêts des Français (les deux premiers débats ont rassemblé 8,5 millions de téléspectateurs). Pour Gérard Grunberg, le succès de cette primaire "est un enjeu très important, capable de bouleverser la vie politique française et de devenir un exemple à suivre".