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Marie Dedieu, la Française enlevée samedi dans l'est du Kenya, a été emmenée en Somalie. Les agents de la Direction générale de la sécurité extérieure tentent d'établir le contact avec ses ravisseurs et d'obtenir des "preuves de vie".

AFP - La police kényane interrogeait lundi un employé de maison de la Française enlevée près de Lamu (est), tandis que les services secrets français s'apprêtaient à prête main forte pour retrouver la sexagénaire handicapée, détenue par ses ravisseurs en Somalie.

La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) va prendre part aux recherches pour retrouver Marie Dedieu, enlevée dans la nuit de vendredi à samedi sur l'île de Manda, près de celle de Lamu, selon une source proche du dossier à Paris.

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"quel est leur poids sur une telle opération"
La DGSE tente d'établir le contact avec les ravisseurs de la Française

Les agents de la DGSE vont tenter d'établir un contact avec les ravisseurs, vérifier que ceux-ci détiennent bien Marie Dedieu, et négocier eux-mêmes, selon cette source.

Les autorités kényanes ont déjà envoyé dimanche des émissaires dans le village côtier somalien de Ras Kamboni, près de la frontière avec le Kenya, où ont trouvé refuge samedi les ravisseurs de la Française.

Cette dernière, qui ne peut se déplacer qu'en fauteuil roulant et souffre d'un cancer selon un de ses proches, a été enlevée à son domicile par un groupe de dix hommes armés visiblement très bien renseignés. Marie Dedieu et son compagnon kényan John Lepapa venaient en effet tout juste de revenir de France mercredi.

La police kényane interrogeait lundi un des employés de maison de la Française, arrêté la veille. "Il y a des éléments que nous voulons qu'il clarifie car il a un rôle crucial dans cette enquête", a indiqué à l'AFP une source policière.

"Tous les efforts sont entrepris pour assurer le retour saine et sauve de l'otage", a déclaré à l'AFP le ministre du Tourisme Najib Balala.

M. Balala était attendu vers 11h00 GMT sur l'île de Lamu, pour "assurer la population locale et les touristes que le gouvernement prend les questions de sécurité très très au sérieux".

L'enlèvement de Marie Dedieu survient moins d'un mois après celui d'une touriste britannique, Judith Tebbutt, le 11 septembre dans un village de vacances de luxe, le Kiwayu safari village, et emmenée depuis en Somalie.

De nombreux hôteliers ont mis en cause "la négligence" et "l'incompétence" du dispositif de sécurité autour de Lamu, distant d'une cinquantaine de km de la frontière somalienne.

"Il faut un changement général de la façon de patrouiller, des patrouilles plus sérieuses le long de la côte. S'ils ne font rien de sérieux, je crains qu'un autre incident ne se produise", a mis en garde Omar Mohamed, propriétaire d'une maison d'hôte.

Selon plusieurs sources locales, les forces de sécurité kényanes ont mis du temps avant de pouvoir trouver un bateau leur permettant de poursuivre les ravisseurs de Marie Dedieu. Leur embarcation a ensuite chaviré lors d'une fusillade avec les malfaiteurs, et deux des huit soldats à bord sont portés disparus.

Les touristes rencontrés lundi ne cachaient pas une certaine inquiétude. "Quand j'ai entendu pour la première fois (l'enlèvement à) Kiwayu, je me suis dit que cela pouvait arriver n'importe où, mais maintenant je ne me sens pas en sécurité", reconnait Carme Ruestes, une Espagnole de 42 ans dont le tour du monde l'a fait faire escale à Lamu.

"Il n'y a pas de policiers la nuit, et c'est un problème", renchérit une autre Espagnole, Sara Lopez, 27 ans, qui assure que les policiers sont souvent saoûls le week-end.

"Nous sommes arrivés la nuit dernière, et nous n'avons pas annulé", explique Jing Kong, membre d'un groupe de six touristes chinois. "Je suis un peu inquiet. Le Kenya dans son ensemble n'est pas aussi sûr que le Japon ou l'Europe, donc il y a forcément un élément de risque".

Le tourisme est une des trois principales sources de devises du Kenya, avec le thé et l'horticulture. Plus d'un million de touristes ont visité le pays l'an dernier, pour un chiffre d'affaires de 76,3 milliards de shillings kényans (570 millions euros).