En pleine crise de la dette en zone euro, le gouvernement français a officialisé, ce mercredi, un budget 2012 axé sur la maîtrise des dépenses publiques. Objectif : réduire les émissions de dette à moyen et long termes.
REUTERS - La France émettra 179 milliards d'euros de dette à moyen et long terme (nets des rachats) en 2012, soit 2,7% de moins que cette année, grâce à une réduction du déficit de l'Etat de 13,7 milliards d'euros prévue par le projet de budget 2012 présenté mercredi en conseil des ministres.
L'Agence France Trésor, qui gère la dette de l'Etat, indique dans un communiqué que les besoins de financement de la France sont réduits de 9 milliards, à 182 milliards d'euros en 2012.
Le programme d'émission de dette vise à financer le déficit de 81,8 milliards d'euros et le remboursement de 98,9 milliards d'euros de dette à moyen et long terme (BTAN et OAT) arrivant à échéance l'année prochaine - amortissements d'un montant plus élevé qu'en 2011 (94,8 milliards d'euros).
Lors d'une conférence téléphonique avec des agences de presse, Philippe Mills, directeur général de l'AFT, a indiqué que le montant des remboursements d'OAT et de BTAN en 2012 tenait compte de rachats réalisés par l'Agence depuis le début de l'année pour environ 18 milliards d'euros.
Cette politique de rachats destinée à alléger le poids des remboursements de l'année suivante, couplée à une gestion centralisée et plus efficace de la trésorerie des
administrations publiques, a permis de réduire de 4,4 milliards d'euros l'encours de la dette court terme (BTF) de la France alors qu'initialement il devait rester stable. En 2012, cet encours devrait être réduit de 1,1 milliard d'euros.
"Cela résulte de la poursuite de la politique de centralisation des trésoreries excédentaires des structures publiques, d'une moindre dynamique des décaissements des investissements d'avenir, et d'une moindre décollecte des dépôts des collectivités locales" (auprès du Trésor), a expliqué Philippe Mills.
"Cette baisse des BTF n'est pas un plafond. Il est possible que l'on ait d'autres aléas positifs en matière de trésorerie d'ici à la fin de l'année. Quand les taux sont très bas, ce qui est le cas aujourd'hui, il est fréquent d'enregistrer des primes à l'émission d'OAT et de BTAN", a-t-il ajouté.
La France bénéficie de la fuite vers la qualité
"A ce jour, nous avons engrangé environ 1,0 milliard d'euros de primes nettes", a-t-il précisé.
Il a estimé "fort probable", compte tenu de taux très bas, que lors des adjudications (de BTAN et d'OAT) d'octobre, de novembre et de l'adjudication optionnelle de décembre, l'AFT engrange davantage de primes, ce qui pourrait réduire l'encours des BTF fin 2011 de plus de 4,4 milliards d'euros.
Le ralentissement plus fort que prévu de la croissance mondiale et la crise des dettes souveraines dans la zone euro a profité aux emprunts des pays du noyau dur de l'union monétaire, qui ont vu leurs taux tomber à des plus bas.
"Dans ce contexte turbulent, la France est un pays qui bénéficie du phénomène de la fuite vers la qualité, comme l'illustre le fait que les conditions de financement se sont améliorées de plus de 100 points de base par rapport au deuxième trimestre où le taux moyen était à 3,1%", a souligné Philippe Mills.
"Après un plus haut en avril dernier à 3,35%, le taux moyen pondéré sur nos émissions à moyen long terme (de 2 ans à 50 ans) s'est établi à 2 % en septembre, soit une baisse de 135 points de base", a-t-il poursuivi. "Compte tenu du niveau de l'inflation actuelle, cela signifie que l'on se finance à des conditions proches de zéro en taux réel."
Le directeur de l'AFT a indiqué que non seulement les émissions d'OAT et de BTAN (nettes de rachats) baisseraient comme en 2011 mais que l'appel net de la France au marché (la différence entre le montant des émissions et le montant des tombées) continuerait de refluer.
"Le point haut avait été atteint en 2010 avec 105 milliards d'euros. Il était à 89 milliards cette année, il sera de 80 milliards en 2012", a-t-il dit.
L'AFT a émis en brut 167 milliards d'euros d'OAT et de BTAN à ce stade, soit 92% du programme d'émission net des rachats.
"D'ici la fin de l'année, il est peu probable que nous continuions les rachats sur des titres venant à maturité en 2012. Il est possible que ce qu'on fera en plus portera sur les
maturités 2013", a dit Philippe Mills.