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Les forces du nouveau régime libyen ont annoncé qu'elles se préparaient à entrer dans Bani Walid après avoir pris le port de Syrte, deux villes aux mains des forces loyales au colonel Kadhafi.

AFP - Les combattants du nouveau régime libyen ont annoncé mardi avoir pris le port de Syrte et se préparaient à entrer dans Bani Walid, deux villes tenues par les forces pro-Kadhafi, l'ex-leader assurant dans un nouveau message provocateur être comme elles "sur le terrain".

Sur le plan politique, le Conseil national de transition libyen (CNT), qui tentait depuis plusieurs jours de surmonter ses dissensions internes, a finalement annoncé que la formation d'un gouvernement de transition n'interviendrait qu'après la libération totale du pays.

Toujours en fuite, Mouammar Kadhafi s'est manifesté dans un message diffusé sur une radio de Bani Walid et retranscrit mardi par le site internet d'une télévision qui lui reste fidèle assurant qu'il souhaitait mourir en martyr dans son pays.

"Des héros ont résisté et sont tombés en martyrs et nous attendons nous aussi le martyre", a-t-il indiqué. "Par votre jihad, vous êtes en train de rééditer les exploits de vos aïeux. Sachez que je suis sur le terrain comme vous", a déclaré l'ancien "Guide". "Je suis parmi mon peuple et les prochains jours réservent à cette clique d'agents un choc inattendu", a-t-il ajouté.

A Syrte, dans la région natale de Mouammar Kadhafi, des combats ont eu lieu lundi soir près du port de cette ville de 70.000 habitants située à 360 km à l'est de Tripoli, prise en tenailles par des combattants du CNT qui avancent par l'est et par l'ouest.

"A présent nous contrôlons le port", a annoncé mardi Moustafa ben Dardef, un commandant pro-CNT.

Dans la journée, d'intenses combats se déroulaient dans l'est de la ville, les forces loyalistes ciblant les combattants du CNT à l'arme lourde, selon l'un d'entre eux, Fateh Marimri. D'autres combattants ont affirmé avoir découvert un "énorme" stock de munitions caché dans un village abandonné situé à quelques km au sud de Syrte.

La motivation est d'autant plus forte que les commandants pro-CNT engagés à Syrte assurent que l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Mouatassim, un médecin et militaire de 36 ans, dirige les opérations à Syrte.

A l'ouest de Syrte, les pro-CNT ont subi mardi un bombardement intense des forces de Kadhafi, mais les positions n'ont pas évolué, selon un combattant, Mounir Raïssa.

Sur le front de Bani Walid, vaste oasis au relief accidenté à 170 km au sud-est de Tripoli, Abdallah Kenchil, un responsable local du CNT a déclaré mardi que l'intensité des tirs des pro-Kadhafi avait obligé les combattants à se retirer de certaines zones.

"Nous faisons face à une forte résistance, c'est pourquoi nous utilisons l'artillerie lourde sans envoyer l'infanterie pour l'instant", avait expliqué lundi le commandant Mohamed al-Seddiq. "La bataille finale aura lieu dans les deux prochains jours".

Depuis la chute de Tripoli fin août, Syrte et Bani Walid sont deux des objectifs majeurs des combattants pro-CNT, mais les pro-Kadhafi y opposent une résistance farouche. Elles sont aussi désormais les plus visées par les frappes de l'Otan, qui se sont poursuivies lundi sur les deux villes.

D'après l'Alliance atlantique, la situation humanitaire s'aggrave pour les habitants dans les deux bastions kadhafistes, l'accès à l'eau potable, aux soins ou aux carburants étant sévèrement restreint.

Selon le colonel Roland Lavoie, porte-parole de l'opération Protecteur unifié, des "combattants pro-Kadhafi et des mercenaires patrouillent dans les rues à la recherche d'anti-Kadhafistes, prenant des otages et ayant recours à des exécutions". Ils ont notamment pris position autour de l'hôpital de Syrte, "où ils se sentent à l'abri des frappes de l'Otan".

Les familles "sont empêchées de rejoindre des lieux sûrs" et les "travailleurs humanitaires ne peuvent acheminer des secours", a-t-il ajouté.

Lundi, le coordonnateur humanitaire de l'ONU en Libye, Panos Moumtzis, avait fait part de sa "très grande préoccupation" au sujet des milliers de civils qui ont fui les deux villes. Selon l'ONU, 24.000 personnes ont quitté Bani Walid et près de 2.000 Syrte.

A Bruxelles, l'Otan s'est félicitée que les nouvelles autorités libyennes contrôlent désormais les sites abritant "les derniers stocks libyens de matériaux chimiques et liés au nucléaire" et appelé la communauté internationale à collaborer avec le CNT pour leur destruction.

Les Etats-Unis avaient indiqué fin août qu'ils surveillaient les stocks d'armes chimiques, en particulier une dizaine de tonnes de gaz moutarde, situés dans le centre et le sud de la Libye.

Ailleurs dans le pays, la vie semblait revenir progressivement à la normale. Les vols commerciaux ont repris entre l'Egypte et Benghazi (est). Le premier vol opéré par la compagnie nationale libyenne en provenance de Benghazi est arrivé au Caire lundi soir, avant de repartir pour la Libye une heure plus tard.

La compagnie libyenne a aussi demandé à l'Egypte d'autoriser la reprise de huit liaisons hebdomadaires entre Tripoli et la capitale égyptienne et d'un vol hebdomadaire avec Sebha (sud).

La justice tunisienne a par ailleurs acquitté mardi l'ancien Premier ministre libyen Al-Baghdadi Al-Mahmoudi condamné le 22 septembre en première instance à six mois de prison pour entrée illégale en Tunisie, ont indiqué à l'AFP ses avocats.