logo

Aux funérailles de Rabbani, Karzaï s'engage à poursuivre les efforts de paix

Lors des funérailles de l'ex-président Rabbani, le chef d'état afghan Hamid Karzaï s'est engagé à maintenir les efforts de paix en Afghanistan, auxquels Rabbani œuvrait à la tête du Haut Conseil pour la paix chargé de négocier avec les Taliban.

AFP - Le président afghan Hamid Karzaï s'est engagé vendredi à poursuivre les efforts pour rétablir la paix dans son pays lors des funérailles nationales de Burhanuddin Rabbani, l'ex-chef de l'Etat devenu négociateur de paix assassiné trois jours plus tôt.

La cérémonie s'est tenue dans la citadelle fortifiée du palais présidentiel de Kaboul, dans la "zone diplomatique" de la capitale, de plus en plus frappée par les attaques rebelles et transformée pour l'occasion en camp retranché protégé par des milliers de soldats et policiers.

it
L'assassinat de Rabbani met en évidence le changement de stratégie des Talibans
Aux funérailles de Rabbani, Karzaï s'engage à poursuivre les efforts de paix

Ancien héros de la résistance aux Soviétiques dans les années 1980, puis président du pays entre 1992 et 1996 pendant la terrible guerre civile qui a en partie détruit Kaboul, M. Rabbani, 71 ans, dirigeait le Haut conseil pour la paix (HPC), une instance créée à l'automne 2010 par le président Karzaï pour établir des contacts avec les rebelles talibans pour mettre fin à la guerre.

Il a été tué mardi chez lui à Kaboul, non loin du palais présidentiel, par un kamikaze qui s'était présenté à lui comme un émissaire taliban et a fait exploser une bombe qu'il avait dissimulé dans son turban.

M. Rabbani, qui avait également été le mentor du commandant moujahidine Ahmad Shah Massoud, tué dans un attentat suicide presque dix ans jour pour jour avant lui, est la plus haute personnalité politique afghane assassinée depuis l'invasion du pays par les Occidentaux à la fin 2001.

La police afghane a aussitôt accusé les rebelles talibans, qui ont assassiné de nombreux responsables liés au gouvernement ces dernières années mais n'ont pas revendiqué cette attaque.

Ce meurtre est intervenu deux mois après celui d'un autre allié de poids du président Karzaï, son frère Ahmed Wali Karzaï, l'homme fort du sud, et après plusieurs autres assassinats, revendiqué par les talibans, d'importants responsables afghans liés à M. Karzaï et à son gouvernement.

Lors de la cérémonie, Hamid Karzaï a assuré que l'assassinat de Rabbani n'entamerait pas la mobilisation de son gouvernement pour rétablir la paix.

"Le sang versé par le martyr (Rabbani) et d'autres martyrs au nom de la paix nous engage à poursuivre nos efforts jusqu'à ce que nous parvenions à atteindre la paix et la stabilité", a-t-il déclaré dans une brève allocution.

"Nous poursuivrons nos efforts (...) conformément à la volonté du professeur" Rabbani, même si "en même temps, il est de notre responsabilité de combattre les ennemis de la paix avec détermination", a-t-il martelé.

M. Karzaï s'est exprimé devant le cercueil de M. Rabbani, enveloppé d'un drapeau afghan et couvert de fleurs, devant lequel plusieurs centaines de responsables afghans et diplomates étrangers ont défilé.

L'ex-président afghan devait ensuite être inhumé sur une colline surplombant la capitale, non loin de sa résidence.

Le quartier, où est située la maison du clan Rabbani mais aussi quasiment toutes les ambassades et le QG de la force internationale de l'Otan, était totalement bouclé par des forces de sécurité, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Nous avons renforcé la sécurité en déployant des milliers de policiers, plus de 3.000 supplémentaires, pour ces funérailles", a expliqué à l'AFP Mohammad Zahir, le chef de la police criminelle de la capitale, ajoutant que la ville avait était placée "en état d'alerte maximale"..

L'assassinat de M. Rabbani risque de compliquer encore plus la mise en place d'un éventuel processus de paix, toujours officiellement refusé par les talibans malgré les appels du pied de responsables occidentaux.

La rébellion a gagné du terrain ces dernières années malgré l'envoi régulier de renforts occidentaux. L'Otan prévoit toutefois de retirer d'ici la fin 2014 ses troupes de combat qui portent à bout de bras le gouvernement et de confier la sécurité du pays aux fragiles forces afghanes, une perspective qui fait craindre à certains observateurs une future guerre civile.