En visite dans son pays natal, le pape a invité les catholiques à ne pas se détourner de l'Église. La série de scandales sexuels impliquant plusieurs ecclésiastiques en Europe a provoqué, en Allemagne, le départ de 181 000 fidèles.
AFP - Le pape Benoît XVI a invité les Allemands à "rester dans l'Eglise" dans un sermon faisant allusion aux scandales de pédophilie, devant 70.000 personnes rassemblées jeudi soir au Stade Olympique de Berlin.
Reprenant les propos tenus dans l'avion qui l'emmmenait de Rome à Berlin en début de matinée pour sa visite de quatre jours en Allemagne, le pape a évoqué "l’expérience douloureuse que dans l’Église, il y a des bons et des mauvais poissons, le bon grain et l’ivraie".
"Si le regard reste fixé sur les choses négatives, alors ne s’entrouvre plus le mystère grand et profond de l’Église", a-t-il déclaré.
Il a cependant prêché pour une vie dans le Christ, qui offre "un refuge, un lieu de lumière, d’espérance et de confiance, de paix et de sécurité".
"Demeurer dans le Christ signifie (...) demeurer aussi dans l’Église, a-t-il dit. Dans cette communauté, (le Christ) nous soutient et, en même temps, tous les membres se soutiennent mutuellement. Ils résistent ensemble aux tempêtes et se protègent les uns les autres".
Des dizaines de milliers d'Allemands se sont fait officiellement retirer des registres de l'Eglise catholique, mais aussi protestante, dans la foulée des scandales pédophiles.
Pour célébrer la messe, le pape était installé sur un podium blanc, derrière un autel et une immense croix jaune, dans une courbe du stade construit pour les jeux Olympiques de 1936 et voulu par Adolf Hitler.
C'est aussi là que son prédécesseur Jean-Paul II a béatifié en 1996 deux prêtres persécutés par les nazis.
Plusieurs écrans géants permettaient aux fidèles venus de toute l'Allemagne de suivre le pape de plus près.
Arrivé en papamobile, le souverain pontife a été acclamé par la foule en liesse, avant que la pluie ne contraigne le public à enfiler des capes en plastique transparentes.
Dans l'assistance, on pouvait reconnaître notamment le président de la République Christian Wulff et la chancelière Angela Merkel, parmi de nombreuses personnalités politiques.
Les fidèles avaient afflué de toute l'Allemagne et de la Pologne voisine. Des milliers d'hosties leur ont permis de participer à la communion, qu'une trentaine d'entre eux ont reçue des mains du pape.
Simona Flassig et Theresa Goering, deux soeurs d'une communauté religieuse de la région de Thuringe, ne tarissaient pas d'éloges pour Benoît XVI, "un homme sincère, qui respire la foi". Pour Theresa, "on ne pouvait pas rêver d'un meilleur pape".
Christoph Paffhausen, représentant en assurances de 36 ans, portait sur sa cravate un badge "nous sommes le pape", titre qui fit la Une du quotidien populaire Bild, au lendemain de l'élection de Benoît XVI en 2005. Venu en train de Cologne, avec sa femme enceinte, il s'est réjoui de vivre "une grande fête de la foi".
Elysabeth Kissler, archiviste de 36 ans, est venue tout spécialement de Munich, avec sa mère, âgée de 73 ans. Elle a jugé "indigne", "imbécile" et "intolérant" le boycottage du discours du pape au Bundestag par des députés allemands, appréciant que le pape "reste sur sa ligne" et "ne cède pas aux effets de mode".
Venue de Düsseldorf, avec un groupe scolaire, Andrea Schlotter, 43 ans, s'est dite fière d'avoir "un pape allemand" et Lisa Blos, 12 ans, a apprécié "une ambiance géniale".