Partie d'Afrique du Nord, une barque d'immigrants ralliant l'archipel espagnol des Canaries a chaviré près d'Arrecife, principale ville de l'île touristique de Lanzarote. Un premier bilan fait état d'une vingtaine de morts.
AFP - Un nouveau drame de l'immigration clandestine sur l'archipel espagnol des Canaries, a fait une vingtaine de morts lors du naufrage d'une embarcation de fortune chargée de Maghrébins, près de l'île touristique de Lanzarote, ont annoncé lundi les autorités régionales.
Une barque utilisée par des "sans-papiers" pour rallier les côtes canariennes depuis l'Afrique du Nord a chaviré pour une raison inconnue, dimanche soir sur une zone rocheuse à quelques mètres du rivage, près d'Arrecife, la principale ville de Lanzarote.
Selon le témoignage de l'un des survivants, l'embarcation de taille modeste, - six à sept mètres de long - était occupée par 28 candidats à l'immigration, parmi lesquels de nombreux enfants et plusieurs femmes.
Six ont pu être sauvés grâce à des surfeurs qui se trouvaient sur une plage à proximité, a expliqué à l'AFP une porte-parole de la préfecture des Canaries.
Lorsqu'ils ont vu l'embarcation chavirer, les surfeurs "ont pris leur planche" pour aller sauver les personnes tombées à l'eau, a-t-elle déclaré.
Ces surfeurs expérimentés, l'un de nationalité uruguayenne, avaient entendu les cris et appels au secours des immigrés tombés à l'eau, selon un témoignage publié lundi par le journal El Pais.
Les habitants de la zone ont également cherché à porter secours, en jetant des bouées aux immigrés qui se noyaient à quelques mètres du rivage mais sur une zone difficile d'accès.
Parmi les survivants, cinq souffrant d'hypothermie étaient soignés lundi à l'hôpital tandis qu'un autre était entendu par la police, selon la préfecture.
Après le naufrage, des opérations de recherche ont permis de ramener cinq premiers corps sans vie dimanche soir. Puis 14 nouveaux cadavres ont été retirés des eaux lundi matin, par les plongeurs de la société nationale de sauvetage en mer, Salvamento Maritimo.
Trois personnes étaient encore officiellement portées disparues, lundi après-midi. Les hommes-grenouilles ont aperçu dans l'eau des amas de vêtements pouvant correspondre à deux nouveaux corps.
Ce nouveau drame de l'immigration fait suite à une récente recrudescence des arrivées de clandestins aux Canaries, à bord d'embarcations de fortune, avec l'arrivée, par exemple, de 78 clandestins, dont huit mineurs à Tenerife.
Les Canaries constituent une des principales portes d'entrée européennes pour les immigrants en provenance d'Afrique subsaharienne et du Maghreb.
Le nombre d'arrivées sur le territoire espagnol a toutefois chuté en 2008 avec un total de 9.181 clandestins enregistrés, après un pic en 2006 à 31.678 arrivées, en raison d'un renforcement de la surveillance en mer et d'accords de coopération avec les pays d'origine, principalement Maroc et Sénégal.
A cause de cette surveillance accrue, les clandestins sont obligés de prendre plus de risques, en empruntant des routes plus longues vers les Canaries afin d'éviter les zones de couverture radar et les patrouilles, ce qui tend à multiplier les drames en mer.
Cela pourrait être le cas de cette embarcation qui n'avait pas été repérée par le système de surveillance canarien.
Il n'existe aucune statistique officielle sur le nombre des sans-papiers morts durant ces voyages en mer.
Un rapport de l'organisation andalouse de défense des droits de l'homme APDH-A, avait évalué pour l'année 2007 à 921 le nombre des candidats à l'immigration morts au cours de la traversée vers l'Espagne.