
En pleine crise économique et financière, le Parlement slovène n'a pas accordé sa confiance au gouvernement de centre-gauche de Borut Pahor (photo). Le pays, membre de l'UE et de la zone euro, pourrait s'acheminer vers des législatives anticipées.
AFP - Le gouvernement de centre-gauche du Premier ministre social-démocrate slovène Borut Pahor a perdu mardi un vote de confiance au Parlement, sur fond de crise économique et sociale, et la Slovénie s'achemine donc vers des élections législatives anticipées.
Borut Pahor, âgé de 47 ans, qui jouait son va-tout dans ce scrutin, n'a obtenu que 36 voix en faveur de son gouvernement, 51 députés s'étant prononcés contre ce dernier.
Le chef de l'Etat, Danilo Turk, a aussitôt écourté sa présence à l'assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies (ONU) à New York pour rentrer à Ljubljana et tenter de trouver une solution "à une crise politique fortement aggravée".
Il dispose de sept jours pour proposer un nouveau Premier ministre au Parlement. Si les députés n'arrivent pas à investir un gouvernement dans les 30 jours suivants, Danilo Turk pourra alors décider d'élections législatives anticipées qui devraient se dérouler fin 2011 ou début 2012, en vertu de la Constitution, alors que la législature arrivait normalement à son terme à l'automne 2012.
L'agonie du gouvernement de Borut Pahor, dont le rôle se bornera dans les prochaines semaines à expédier les affaires courantes, laisse le pays sans gouvernail, en pleine crise économique et financière mondiale, et pose le problème de la date à laquelle la Slovénie ratifiera le Fonds de secours pour les Etats en difficulté (FESF), qui doit recevoir l'assentiment de tous les pays de l'Union européenne (UE).
Le Premier ministre dirigeait depuis le printemps un gouvernement minoritaire formé par deux partis - social-démocrate (SD) et libéral-démocrate (LDS) - qui ne jouissait que du soutien de 33 députés sur 90 à la suite du retrait de la coalition au pouvoir du parti des retraités Desus et du parti de centre-gauche Zares.
Prenant la parole juste avant le vote de confiance demandé par lui-même pour faire nommer cinq nouveaux ministres en remplacement des démissionnaires des partis Desus et Zares, Borut Pahor avait dramatisé la situation : si la défiance est votée, "cela marquera le début d'une crise explosive avec des conséquences imprévisibles, qui paralysera l'Etat pour les prochains mois et qui entravera les efforts du gouvernement pour sortir de la crise financière".
Las, le passage à l'opposition du Desus et du Zares ont permis au parti d'opposition de centre-droit SDS de l'ancien chef du gouvernement Janez Jansa de réunir une confortable majorité contre Borut Pahor.
Dans l'hypothèse maintenant plus que probable d'élections législatives anticipées, Janez Jansa, âgé de 53 ans, partira grand favori.
La pomme de discorde qui avait provoqué la rupture avec le Desus et le Zares était un projet de réforme des retraites, avec le relèvement de 63 à 65 ans de l'âge légal de départ à la retraite, demandé par la Commission de l'Union européenne (UE), le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), mais massivement rejeté le 5 juin par les Slovènes au cours d'un référendum.
Cette réforme avait pour objectif de parer au vieillissement de la population et d'assainir les finances publiques : ex-élève modèle parmi les anciens pays communistes membres de l'UE, la Slovénie est durement touchée par la crise économique et financière mondiale de 2008/2009 avec un quasi-doublement du chômage en trois ans. Et la dette publique est passée de 22,5% à 43,3% du produit intérieur brut (PIB) entre 2008 et 2010.
Pour assainir ses finances publiques et tenir compte d'un ralentissement de la croissance, révisée à 1,5% du PIB au lieu de 2,2%, le gouvernement a dû couper dans les dépenses de l'Etat, décidant le 16 septembre des économies de 365 millions d'euros afin d'atteindre l'objectif d'un déficit public de 5,5% du PIB cette année. En 2010, le PIB avait encore augmenté de 0,9%.
La Slovénie, petite république alpine de deux millions d'habitants, est le seul membre de l'ex-République fédérative de Yougoslavie à faire partie de l'UE (depuis 2004) et de la zone euro (depuis 2007).