![Discussion "productive" entre la Grèce et ses créanciers Discussion "productive" entre la Grèce et ses créanciers](/data/posts/2022/07/16/1657983151_Discussion-productive-entre-la-Grece-et-ses-creanciers.jpg)
Le ministre grec des Finances (photo) et les trois chefs de la troïka des créanciers (UE, BCE et FMI) se sont entretenus au cours d'une conférence qualifiée de "substantielle" par la Grèce. Les discussions doivent se poursuivre mardi.
AFP - La Grèce, ouvertement mise en garde lundi par le FMI contre le risque d'un défaut sur sa dette en cas de nouveaux retards de son plan de rigueur et de privatisations, a repris les contacts lundi avec la troïka de ses créanciers pour discuter de la poursuite de l'aide au pays.
Le ministre grec des Finances Evangélos Vénizélos et les trois chefs de la troïka des créanciers (UE, FMI, BCE) se sont parlés lundi via une première téléconférence, qualifiée de "productive et substantielle" par le gouvernement grec à l'issue des échanges lundi soir.
La téléconférence reprendra mardi soir, ont indiqué la Commission européenne et le ministère grec des Finances.
Ce redémarrage des discussions de haut niveau entre la Grèce et ses créanciers fait suite au départ d'Athènes le 2 septembre des chefs de mission de la troïka chargée de contrôler les comptes du pays.
Mécontente du manque d'avancées du plan de réduction du déficit budgétaire et de la dette grecques, la troïka avait suspendu son audit.
De son verdict dépend le versement en octobre --vital pour la Grèce-- d'une tranche de 8 milliards d'euros venant du prêt consenti l'an dernier par la zone euro et le FMI.
La plupart des analystes estiment que sans ce versement, le pays serait condamné à faire défaut sur son énorme dette.
Au cours du week-end, la zone euro a fait monter la pression en réaffirmant qu'elle conditionnait toute poursuite de l'aide à des avancées d'Athènes sur les réformes.
Et lundi, c'est le représentant du FMI en Grèce Bob Traa qui a renforcé la pression en dénonçant le "retard" pris sur le programme de privatisations d'un montant de 50 milliards d'euros d'ici 2015 et sur le plan de réduction du déficit budgétaire.
"Les privatisations ont pris du retard par rapport au programme car les hommes politiques ne peuvent pas se mettre d'accord sur la façon de procéder (...), si vous attendez encore (...) le pays ira au défaut" sur son énorme dette, a-t-il averti.
Il a appelé le gouvernement grec à "des mesures supplémentaires (...) pour réduire le déficit budgétaire", face au dérapage des comptes.
En réponse, M. Vénizélos s'est engagé à corriger les "retards" et à accélérer les réformes promises en échange de son sauvetage de la faillite par la zone euro et le FMI en mai 2010.
"Il nous faut prendre maintenant des décisions à caractère historique, sinon, nous serons obligés de les prendre prochainement dans des conditions incontrôlables et douloureuses", a insisté le ministre, évoquant lui aussi le risque d'une cessation de paiement du pays.
"Oui, il y a du personnel en excédent" dans le secteur public, a-t-il notamment affirmé, alors que le gouvernement socialiste a toujours reporté les réformes auxquelles sa base électorale et syndicale est hostile.
Le FMI a également cité une réforme urgente de l'administration fiscale. Il a mis en garde contre un recours excessif aux augmentations d'impôts, après l'annonce en catastrophe la semaine dernière de la création d'une taxe exceptionnelle sur l'immobilier, censée rapporter 2 milliards d'euros.
Les médias grecs tablaient sur un nouvel effort de l'ordre de 4 milliards d'euros pour 2011 et 2012, évoquant notamment le plafonnement des pensions de retraite et de nouvelles suppressions de postes dans les organismes parapublics.
C'est l'aveu début septembre par la Grèce qu'elle ne tiendrait pas l'objectif de réduction du déficit public à 7,6% du PIB en 2011, qui a mis le feu aux poudres.
Ce dérapage résulte de l'aggravation de la récession sous le coup de l'austérité, mais aussi de l'incapacité de l'appareil d'Etat grec à faire rentrer les recettes fiscales et à réduire sufffisamment ses dépenses.
Malgré la dramatisation des échanges entre Athènes et ses créanciers, la banque américaine Morgan Stanley a estimé lundi soir que la Grèce ne présentait qu'un faible risque de défaut de paiement dans les mois à venir en raison du soutien dont elle bénéficie de la part de ses partenaires européens.
Pour la banque, la "volonté de la Grèce de se soumette à l'austérité (...) et de l'Europe de verser de nouvelles tranches d'aide est forte".