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Obama veut instaurer une taxe sur les plus hauts revenus

Le président américain s'apprête à proposer lundi, au cours d'un discours à la Maison Blanche, une augmentation des impôts sur les revenus supérieurs à un million de dollars par an. Cette taxe devrait contribuer à la réduction du déficit budgétaire.

REUTERS - Barack Obama proposera lundi la création d'une taxe spéciale sur les revenus des contribuables gagnant plus d'un million de dollars par an (environ 725.000 euros), annonce samedi la Maison blanche.

Cette taxe "Buffett", du nom de l'investisseur Warren Buffet qui en a proposé l'idée, s'inscrit dans le plan de réduction du déficit budgétaire que le président américain doit exposer lundi au Congrès.

Dans son allocution hebdomadaire radiophonique, Barack Obama a prévenu samedi les Américains qu'il leur faudrait fournir "leur part d'efforts" pour réduire le déficit budgétaire. (voir )

Cette proposition, au moment où les difficultés économiques du pays pèsent sur sa popularité, est de nature à resserrer les liens entre le président et la base électorale du Parti démocratique, mais les recettes tirées de cette taxe devraient être modestes.

Dan Pfeiffer, directeur de la communication à la Maison blanche, a précisé samedi que l'objectif était de faire en sorte que les contribuables les plus aisés soient au moins autant taxés que les foyers de la classe moyenne.

Ainsi que l'a souligné Warren Buffett cet été, les riches contribuables sont souvent moins imposés que les classes moyennes du fait de certaines dispositions du code des impôts.

Les revenus du capital, comme les dividendes ou les intérêts perçus par les gestionnaires de fonds, sont taxés à 15%; les revenus du travail sont taxés eux entre 10 et 35%.

"Alors que les classes pauvres et les classes moyennes se battent pour nous en Afghanistan, alors que la plupart des Américains luttent pour boucler leurs fins de mois, nous les méga-riches continuons de bénéficier d'exemptions fiscales extraordinaires", écrivait Warren Buffett dans une tribune publiée le mois dernier dans le New York Times. (voir )

Le patron du groupe Berkshire Hathaway a calculé que son taux d'imposition était de 17,4% de ses revenus imposables en 2010, quand ses collaborateurs étaient taxés eux entre 33 et 41%.

Barack Obama doit exposer ses propositions en matière de lutte contre le déficit lundi matin à la Maison blanche - son intervention est prévue à 10h30 (14h30 GMT).

Mais le Congrès n'est nullement tenu de suivre ses préconisations et le Parti républicain, majoritaire à la Chambre des représentants, a prévenu qu'il n'accepterait pas de hausses d'impôts.

Jouer avec le feu

En proposant l'introduction d'une taxe qui a donc peu de chance d'être retenue par un Congrès divisé, Barack Obama peut être tenté de jouer l'opinion publique contre les parlementaires, dont la popularité est à un niveau historiquement bas.

Mais il doit aussi réaffirmer son "leadership" au moment où la note souveraine des Etats-Unis a été dégradée par l'agence Standard & Poor's et où les investisseurs attendent des mesures concrètes de réduction de la dette et du déficit budgétaire.

"Si nous ne nous entendons pas sur un minimum (de réduction du déficit), nous jouerons avec le feu", relève William Galston, de la Brookings Institution de Washington.

"Si nous ne pouvons pas obtenir au moins 1.200 milliards de dollars, ceux, hors des Etats-Unis, à qui nous sommes en dernière analyse redevables, vont parvenir à des conclusions qui rendront nos emplois et nos vies encore plus difficiles", ajoute-t-il.

Aux termes de l'accord conclu in extremis cet été pour relever le plafond de la dette, une commission parlementaire spéciale formée de six démocrates et de six républicains doit déterminer au moins 1.200 milliards de dollars d'économies d'ici la fin de l'année.

A défaut de quoi s'appliqueraient des réductions automatiques de la dépense publique décidées dans le cadre de cet accord.
S'y ajoutera la possibilité pour cette "supercommission" de chercher ensuite jusqu'à 1.500 milliards de dollars d'économies supplémentaires.