
À la veille de la journée de manifestations censée marquer les six mois du soulèvement en Syrie, les forces de sécurité mènent, dans le nord-ouest du pays, plusieurs opérations armées contre des opposants au régime de Bachar al-Assad.
AFP - Les forces de sécurité ont lancé mercredi de vastes opérations à Jabal al-Zaouia, dans le nord-ouest de la Syrie, pour traquer les militants, alors qu'un appel a été lancé à manifester jeudi pour les six mois de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad.
"Six mois. Plus que jamais déterminés à (poursuivre) le soulèvement du 15 mars", ont écrit les militants sur leur page "Syrian Revolution 2011", malgré la répression qui a fait, selon l'ONU, plus de 2.600 morts, la majorité des civils.
Les autorités syriennes affirment avoir affaire à des "bandes terroristes armées" qui cherchent à semer le chaos.
La Russie, alliée de Damas, a pour sa part prévenu mercredi que les "terroristes" risquent de s'imposer si le régime syrien tombait.
"Si le gouvernement syrien ne peut garder le pouvoir, il y a une très forte probabilité que, dans le pays, les radicaux et les représentants d'organisations terroristes se renforcent", a déclaré Ilia Rogatchev, directeur du "département des nouvelles menaces" du ministère.
Entre-temps, "les forces armées et de sécurité ont mené des incursions dans les villages de Jabal al-Zaouia: Abline, Balioune, Marayane, Ihsem et al-Rami, en faisant usage de mitrailleuses lourdes", a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), précisant que l'armée pilonnait dans la campagne environnante les sites où pourraient se cacher des militants.
"Les routes reliant les villages ont été coupées, des postes de contrôle érigés et les forces de sécurité procèdent à des arrestations", selon l'OSDH.
Abline, l'un des villages touchés, est celui du lieutenant-colonel Hussein Harmouche, premier officier de l'armée à avoir publiquement annoncé sa désertion début juin pour protester contre la répression du mouvement de contestation.
Il est parvenu à quitter la Syrie et se trouve actuellement à la tête de la "brigade des officiers libres", qui regrouperait des dizaines d'autres officiers insoumis.
Dans la région de Homs (centre), le corps d'un jeune homme interpellé samedi dernier a été remis mercredi à ses parents, selon l'OSDH. Et des forces armées sont intervenues près de Houla après l'assassinat à l'aube par des inconnus de trois membres d'une milice fidèle au régime.
Dans la ville de Homs, un habitant du quartier Bab Sebaa a péri sous les balles des forces de sécurité qui ont perquisitionné sa maison, selon l'Observatoire.
En outre, "des renforts militaires et sécuritaires ont été dépêchés depuis ce matin dans la ville de Zabadani", à 50 km à l'ouest de Damas, théâtre de manifestations massives contre le régime et où l'armée était entrée mardi, selon des militants. Des dizaines de personnes y ont été interpellées.
La pression internationale s'est pourtant accentuée sur la Syrie, épinglée par ses pairs arabes alors que l'Union européenne envisage de renforcer ses sanctions sur Damas et pourrait interdire d'investir dans le secteur pétrolier mais aussi d'alimenter la banque centrale en billets.
L'agence de presse officielle Sana a annoncé l'assassinat à Hama (centre) d'un chauffeur de bus tombé dans une embuscade "tendue par un groupe terroriste armé". De plus, cinq militaires et un agent de la sécurité tués eux aussi "par les tirs de groupes terroristes armés" ont été enterrés à Alep et à Homs.
Parallèlement, la télévision publique syrienne a annoncé la tenue de réunions de dialogue national depuis dimanche dans tous les gouvernorats "pour élaborer un programme de travail visant à préserver la souveraineté nationale et à respecter la liberté des citoyens et la primauté de la loi".