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Quel avenir politique pour Dominique de Villepin ?

Relaxé dans l’affaire Clearstream, Dominique de Villepin est sorti la tête haute de la cour d’appel de Paris ce matin. L'horizon politique de l'ex-Premier ministre français est-il pour autant dégagé ? Pas complètement, jugent les politologues.

"Après six années d’un acharnement sans précédent, après six années d’épreuve pour ma famille, la justice a reconnu pour la deuxième fois mon innocence." Ainsi s'est exprimé un Dominique de Villepin soulagé à la sortie de la salle d’audience où quelques minutes plus tôt la cour d’appel de Paris a confirmé en appel sa relaxe dans l’affaire Clearstream. L’ancien Premier ministre était soupçonné d'avoir conspiré, en 2004, contre Nicolas Sarkozy en ajoutant son nom à de fausses listes de comptes bancaires de la société Clearstream.

Dominique de Villepin n’est pas "mort", comme il l’avait lui-même déclaré en octobre 2009 à l’issue des cinq semaines d'audience. Sa relaxe sonne comme une résurrection pour l'homme politique qui n’a jamais caché ses ambitions présidentielles. Et que la rivalité avec Nicolas Sarkozy a contraint à quitter l’UMP et à fonder, en 2010, le mouvement République solidaire. Présenté comme un "mouvement de rassemblement, au-dessus des partis", il revendique 15 000 à 20 000 adhérents.

"L’horizon est clairement dégagé pour Villepin", commente Stéphane Rozès, président de Conseils, analyses et perspectives (CAP) et enseignant à HEC et Sciences-Po. "Cette relaxe est une condition nécessaire mais toutefois pas suffisante pour qu’il revienne dans le jeu politique et devienne candidat à la présidentielle". La semaine dernière, l'ancien Premier ministre avait qualifié sa candidature à la présidentielle de "très vraisemblable".

Se détacher de son image de victime

Dominique de Villepin devra d’abord tourner la page de cet épisode judiciaire qu’il a voulu politiser, estime Stéphane Rozès. "Certes, son image de victime due à sa rivalité constante avec Nicolas Sarkozy lui a été bénéfique durant le procès mais, aujourd’hui, il ne doit pas continuer dans ce registre. S’il veut jouer un rôle de premier plan en politique, il va devoir montrer sa volonté de résoudre les problèmes du pays."

Autres conditions nécessaires à sa candidature à la présidentielle : les signatures de 500 maires. "Je ne suis pas inquiet, indique Jean-Pierre Grand, député UMP de l’Hérault et proche de Dominique de Villepin. On a déjà commencé et dans mon département il en a déjà récolté 27 sur les 50 que l’ont peut espérer avoir dans un département."

Reste également la question des soutiens financiers à obtenir. Pour Bruno Jeanbart, directeur des études politiques chez Opinion Way, "il n’a pas vocation à récolter 2 ou 3, voire 4 % des suffrages au premier tour de la présidentielle. Je pense qu’il s’engagera dans la campagne s’il arrive à s’imposer dans un espace politique pendant la campagne. Mais c’est encore trop tôt pour le dire."

Affaire Bourgi, une "seconde affaire Clearstream"

D’ici là, une autre ombre pourrait venir ternir l’avenir politique de Dominique de Villepin. Mardi, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour entendre l'avocat Robert Bourgi. Cet homme de l'ombre de la Françafrique a accusé l’ancien Premier ministre et Jacques Chirac d'avoir reçu des fonds occultes, évalués à 20 millions de dollars, de la part de chefs d'Etat africains entre 1997 et 2005.

"Pour Clearstream, comme dans l’affaire Bourgi, c’est Dominique de Villepin qui est visé, remarque Jean-Pierre Grand. Dans les deux cas, les dossiers sortent peu avant l’élection présidentielle. Il faut être un enfant de chœur pour ne pas comprendre que tout cela a été orchestré."

Si ce dossier résonne comme "une seconde affaire Clearstream" pour l'avocat de Villepin, Me Olivier Metzner, les analystes s’accordent à dire qu’il ne pollue pour l’instant pas les prétentions du président de République solidaire. Si ce n’est que Dominique de Villepin devrait porter plainte pour diffamation, ce qui pourrait renforcer son image de victime pour quelques temps…