
Suite à l'annonce d'un projet de taxe sur les sodas, Coca-Cola annonçait, jeudi, la suspension d'un investissement de 17 millions d'euros en France. Un chantage qui fait "pschitt" puisque l'entreprise est depuis revenue sur sa décision.
AFP - Coca-Cola s'est pris les pieds dans le tapis jeudi, annonçant puis démentant la suspension d'un investissement de 17 millions d'euros en France, en réponse au projet de taxe du gouvernement sur les boissons à sucres ajoutés que le groupe dénonce.
Jeudi matin, en annonçant la suspension de cet investissement, destiné à moderniser une ligne de production de canettes à l'usine des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), la filiale française de Coca-Cola Entreprise, l'embouteilleur de la boisson, avait suscité l'ire de nombreux responsables politiques.
L'investissement devait être annoncé le 19 septembre, date du 40e anniversaire de l'usine du sud de la France.
Il n'est pas annulé mais "doit être réévalué dans le contexte d'incertitude créé par la taxe", avait précisé l'entreprise.
Jeudi soir le président de Coca-Cola Entreprise Europe, Hubert Patricot, a démenti une telle décision.
Interrogé par LCI, M. Patricot a dit "regretter une erreur de communication" commise par la filiale française, "qui a semé la confusion sur l'engagement de Coca-Cola en France". "Je tiens à le préciser: nous confirmons notre investissement", a assuré M. Patricot. "Nous restons fortement engagés sur le marché français", a-t-il ajouté.
"Mais je voudrais le dire de façon très claire: nous restons fermement opposés à une taxe qui vise injustement le pouvoir d'achat des Français et qui stigmatise une catégorie de boissons", a-t-il poursuivi.
Selon lui, c'est cette taxe qui "a créé une grande émotion" dans les équipes de Coca-Cola, et qui est l'origine de "cette erreur" de communication.
L'usine des Pennes-Mirabeau est l'un des cinq sites de production français de Coca-Cola Entreprise, qui fabrique et distribue les sodas mais n'appartient pas à Cola-Cola Company, le propriétaire de la formule de la célèbre boisson.
La taxe, justifiée par le gouvernement par la nécessité de lutter contre l'obésité, doit entrer en vigueur début 2012 et elle devrait rapporter 120 millions d'euros à l'Etat. Une fois qu'elle sera effective, le prix moyen d'une canette devrait augmenter d'un centime.
Au-delà de l'impact économique, ce sont aussi les conséquences en termes d'image contre lesquelles s'élève Coca-Cola.
La ministre du Budget, Valérie Pécresse avait dénoncé une "décision regrettable et incompréhensible", rappelant que la création de la taxe était "motivée par des considérations de santé publique". Interrogé jeudi soir, le ministère du Budget n'a pas souhaité réagir au démenti.
Le ministre du Travail et de la Santé, Xavier Bertrand, avait qualifié la première annonce de Coca-Cola d'"incompréhensible" et insisté sur la volonté du gouvernement de lutter contre l'obésité.
La députée (UMP) des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer s'était dite "absolument choquée et scandalisée" par "le chantage" du groupe américain.
Jeudi matin, Coca-Cola Entreprise France avait également annoncé l'annulation de la venue du président du groupe, John Brock, pour les 40 ans du site.
"Nous allons reprogrammer" sa visite", a assuré jeudi soir Hubert Patricot.