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Ankara suspend ses liens avec Israël dans le domaine de la défense

"Nous suspendons complètement nos les liens commerciaux et militaires avec [Israël] concernant l'industrie de la défense", a annoncé le Premier ministre turc. Ankara exige des excuses pour le raid où neuf Turcs ont été tués en 2010.

AFP - Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé mardi la "suspension totale" des rapports militaires et commerciaux avec Israël et a annoncé qu'il pourrait se rendre à Gaza, au risque d'aggraver encore la crise entre la Turquie et l'Etat hébreu.

"Nous suspendons totalement nos liens commerciaux, militaires et de l'industrie de défense" avec Israël, a dit M. Erdogan à des journalistes, après l'adoption la semaine dernière de sanctions contre ce pays, qui refuse de présenter ses excuses pour avoir tué neuf Turcs au cours d'un raid maritime.

Il a aussi souligné que "d'autres mesures de rétorsion" que celles annoncées vendredi dernier contre Israël seraient prises, sans préciser lesquelles.

La Turquie a annoncé le 2 septembre plusieurs sanctions contre Israël pour son refus de présenter ses excuses pour l'abordage meurtrier d'un ferry turc en route pour Gaza par un commando israélien, le 31 mai 2010.

Il s'agit notamment de l'expulsion de l'ambassadeur d'Israël, de la suspension des accords militaires bilatéraux, et du déclenchement d'une procédure devant la Cour internationale de justice pour contester la légalité du blocus de Gaza par Israël.

M. Erdogan a annoncé en outre qu'il pourrait se rendre à Gaza dans le cadre d'une visite qu'il prévoit la semaine prochaine en Egypte, vraisemblablement à partir du lundi 12 septembre, mais qu'une décision finale n'avait pas encore été prise.

"Nous sommes encore en discussions avec la partie égyptienne à ce sujet. Rien n'a pour l'instant été décidé", a-t-il dit.

Une telle visite dans la bande de Gaza, dirigée par le mouvement radical palestinien Hamas, risquerait d'envenimer encore les relations entre la Turquie et Israël, anciens alliés stratégiques dans la région en froid depuis plus de deux ans.

M. Erdogan, qui dirige un gouvernement issu de la mouvance islamiste, a affirmé qu'Israël "s'est toujours comporté comme un enfant gâté", dans une allusion aux reproches qui lui sont faits par la communauté internationale pour son attitude envers les Palestiniens.

Ankara a pris ces sanctions contre Israël à la suite de la publication jeudi dernier d'un rapport d'enquête commandité par l'ONU estimant que l'armée israélienne avait eu recours à une force "excessive et déraisonnable" au cours du raid contre le ferry Mavi Marmara, mais reconnaissant la légalité du blocus naval mis en place par Israël autour de Gaza.

Israël a adopté avec quelques "réserves" ce rapport, et a refusé de s'excuser auprès d'Ankara pour ce raid meurtrier.

La Turquie et Israël étaient autrefois des alliés dans la région depuis qu'ils avaient signé en 1996 un accord-cadre de coopération militaire, suivi d'autres accords dans le domaine militaires, dans les années suivantes.