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Le clan Kadhafi affiche ses dissensions

Au cours d'une interview téléphonique accordée à la chaîne syrienne Arrai, Seïf al-Islam Kadhafi a appelé le peuple libyen à résister. Dans le même temps, sur Al-Arabiya, son frère Saadi se disait, lui, prêt à se rendre.

Près de deux semaines après la chute de Tripoli, le colonel Mouammar Kadhafi reste introuvable. Mercredi, deux de ses fils en fuite, Seif al-Islam et Saadi, ont délivré des messages contradictoires à la télévision. Soufflant le chaud et le froid, ils ont laissé apparaitre au grand jour leur division sur la stratégie à adopter.

En effet, dans un message audio diffusé mercredi par la chaîne satellitaire syrienne Arraï, le dauphin présomptif du régime Seif al-Islam a appelé les Libyens à résister. Son frère, Saadi, s’est dit lui officiellement mandaté par son père pour négocier avec le nouveau pouvoir libyen.

"Nous pouvons assurer que nous sommes là, prêts et en bonne forme. La résistance se poursuit et la victoire est proche", a déclaré de son côté Seif al-Islam. Et d’ajouter "Nous pouvons vous assurer que nous sommes inébranlables et que le chef (Mouammar Kadhafi) va bien." Il a par ailleurs prévenu les forces anti-Kadhafi que 20 000 jeunes en armes les attendaient de pied ferme à Syrte, le fief du clan, encore aux mains des combattants loyalistes. Ces derniers seraient prêts à mener "une guerre d'usure jour et nuit", a-t-il renchérit.

Selon Said Haddad, maître de conférence à l'École spéciale militaire française de Saint-Cyr, les loyalistes "ont les moyens de terminer de façon sanglante" le règne des Kadhafi. "D’après des experts militaires et l’Otan, l’armée loyaliste est certes en déroute, mais elle reste organisée. Elle peut causer quelques dégâts avant d’être totalement défaite", explique-t-il à France24.com.

Cacophonie

Un peu plus tôt, dans un entretien diffusé par la chaîne satellitaire basée à Dubaï, Al-Arabia, le troisième fils de Kadhafi et ex-footballeur, Saadi, promettait la paix. Il affirme être entré en contact avec un responsable du Conseil national de transition à Tripoli, en l’occurrence le chef militaire Abdoul Hakim Belhadj. "Il s’agit ici de pourparlers visant à faire cesser le bain de sang en Libye", a-t-il précisé en référence à une conversation téléphonique avec Belhadj. Une prise de contact confirmée par ce dernier qui a annoncé, sur l’antenne d’Al-Jazira, que Saadi Kadhafi lui avait proposé de se rendre et de rallier le nouveau pouvoir à condition que sa propre sécurité soit assurée. Le chef des forces anti-Kadhafi à Tripoli a indiqué qu'il comptait donner suite à cette proposition.

Cependant, Saadi Kadhafi, qui avait selon CNN fait part de sa volonté de négocier dans de précédents courriels à la chaîne américaine, a affirmé mercredi qu'il ne se rendrait pas, dans un nouveau message adressé à CNN. "Ils ont déjà tué des milliers de gens et détruit le pays. Je préférerais me rendre à un vrai gouvernement plutôt... qu'à ces types", a-t-il avoué, toujours selon la chaîne. De quoi ajouter à la cacophonie.

Cependant, ces messages contradictoires laissent à penser que les deux frères ne se trouvent pas au même endroit. Une hypothèse renforcée par les déclarations de Abdel Madjid, coordinateur des opérations militaires au sein du Conseil national de transition (CNT). Ce dernier a déclaré à Reuters qu'une "personne de confiance" avait indiqué que Mouammar Kadhafi, son fils Saïf al-Islam et le chef des services de renseignements Abdallah al-Senoussi, avaient gagné Bani Walid, ville d'environ 50 000 habitants, la semaine dernière, trois jours après la chute de Tripoli.