
, envoyé spécial à La Rochelle – Discrets. Les strauss-kahniens le furent tout au long de l'université d'été du Parti socialiste, qui a pris fin dimanche à la Rochelle. Pis, les militants refusaient de s'exprimer sur l'avenir de l'ex-ministre, dont le retour n'est pas jugé opportun.
Dimanche, au terme d'une université d'été agitée, les candidats à la primaire socialiste pour l'élection présidentielle de 2012 ont posé pour la traditionnelle photo de famille avant de se séparer. Un cliché sur lequel se remarquait pourtant un grand absent. En effet, comme lors de l’édition 2010, Dominique Strauss-Kahn ne participait pas à la grand-messe socialiste organisée à La Rochelle.
D’un statut de superstar du camp socialiste – un sondage, publié il y a presque un an jour pour jour, donnait DSK vainqueur avec 59 % des voix contre Nicolas Sarkozy au deuxième tour de la présidentielle de 2012 – l’ex-directeur du Fonds monétaire international (FMI) est devenu un personnage encombrant depuis ses déboires judicaires aux États-Unis. Et malgré l’abandon des charges retenues contre l’ex-ministre socialiste, parler de Dominique Strauss-Kahn demeure un sujet tabou.
Dans les coursives de l'espace Encan, si la plupart des militants se félicitent de l’issue "heureuse" de l’affaire DSK, ils préfèrent néanmoins éluder la question de l’avenir politique de l’ex-directeur du FMI, voire passer leur chemin. "Ce fait divers est clos, par conséquent il doit cesser de polluer médiatiquement la campagne des primaires, car nous avons perdu assez de temps avec cette histoire qui ne nous concerne pas", explique Alexandre sur un ton las.
Ce jeune militant breton préfère s’exprimer sur la bataille annoncée entre son candidat favori, François Hollande, et la patronne du Parti socialiste Martine Aubry, ou sur "l’opportunité enthousiasmante de reprendre l’Élysée à la droite". Pour lui, Dominique Strauss-Kahn est libre de s’impliquer à sa manière dans la campagne pour aider le parti, "mais à condition de ne pas faire de vagues".
"No comment"
Une militante aubryste, venue de Rouen, ne tient pas non plus à aborder le sujet et rétorque par un "no comment" puis rebrousse chemin. "Le seul grand absent cette année n’est nul autre que la cohésion des socialistes", assène-t-elle. Allusion à la tension perceptible tout au long du week-end entre les candidats à la primaire du mois d’octobre (9 et 16). Même au stand-librairie de l’université d’été, la page DSK semble tournée, momentanément du moins. En effet, le livre concernant l’ex-ministre socialiste intitulé - "Le roman vrai de Dominique Strauss-Kahn", par Michel Taubmann - fait figure d’intrus parmi les ouvrages et professions de foi des principaux candidats.
Seul le "club DSK", un collectif de militants, continue de plaider la cause de l’ex-favori des sondages. "Si la primaire se termine dans la confusion ou dans l’affrontement, Dominique Strauss-Kahn pourrait être un recours", expliquait son président, Antonio Duarte, lors d’un point presse improvisé samedi sur le port de la cité rochelaise. Un retour qualifié de "rêve" par le strauss-kahnien et cadre du PS Jean-Cristophe Cambadélis, tel que le rapporte le quotidien régional l’Alsace.
À l’instar de Pierre Moscovici et de Jean-Marie Le Guen qui se sont ralliés à la candidature de François Hollande, "Camba" a misé sur une autre championne, Martine Aubry, car, affirmait-il récemment, "Dominique a besoin de temps".
Cette reconfiguration des allégeances est susceptible de mettre un terme aux rumeurs d’un éventuel retour de l’ex-patron du FMI à l’aube de la primaire. D’autant plus qu’un sondage CSA/20 minutes/BFMTV/RMC, publié la semaine dernière, indique que 53 % des Français ne souhaitent pas que DSK participe au débat politique dans les prochains mois.