Le juge new-yorkais Michael Obus doit se prononcer sur la suite à donner à l'affaire DSK, lors d'une nouvelle audience prévue ce mardi. Hier, le procureur de Manhattan a demandé l'abandon de toutes les charges retenues contre l'ex-patron du FMI.
A l'occasion de l'audition de Dominique Strauss-Kahn, suivez l'émission spéciale de France 24 à partir de 16h30 (heure de Paris, GMT+2).
Inculpé de sept chefs d'accusation, dont ceux de tentative de viol, d'agression sexuelle et de séquestration, Dominique Strauss-Kahn va se présenter ce mardi devant le juge Michael Obus, à New York, avec l'espoir que celui-ci prononcera l'abandon de toutes les poursuites retenues contre lui. L’optimisme est de mise pour l’ex-directeur du Fonds monétaire international (FMI) car, plus de trois mois après le début de l’affaire, le procureur de Manhattan, Cyrus Vance Jr, a demandé lundi l'abandon des charges pesant sur DSK.
L’homme à l’origine de l’arrestation de l'ancien ministre français de l'Économie, le 14 mai dernier, doute à présent de sa capacité à convaincre un jury de sa culpabilité en raison des mensonges reprochés à la victime présumée, Nafissatou Diallo.
Mensonges "accablants"
"La nature et le nombre des contrevérités de la plaignante nous rendent incapables d'accepter sa version des faits au-delà du doute raisonnable, quelle que soit la vérité au sujet de la rencontre entre la plaignante et l'accusé, indique le bureau du procureur dans un document de 25 pages adressé au juge. Si nous ne pouvons pas la croire au-delà d’un doute raisonnable, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire."
Les mensonges de la plaignante ont "sérieusement entamé sa crédibilité de témoin dans cette affaire", poursuit le texte, ajoutant qu'elle avait menti "dans presque tous les entretiens avec les procureurs, en dépit des invitations à dire la vérité". Le procureur a enfin expliqué que DSK et Nafissatou Diallo avaient bien eu une relation sexuelle, probablement "non consentie".
"Déni de justice"
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"25 pages dans lesquelles les procureurs détaillent les mensonges de Diallo"
Les recommandations du procureur de Manhattan ont provoqué l’ire de l’avocat de la femme de chambre guinéenne. Dès l'issue de l'entretien qu'il a eu avec lui lundi, Kenneth Thompson a dénoncé un déni de justice : "Cyrus Vance Jr refuse le droit à la justice d'une femme victime d'un viol. Il n’a pas seulement tourné le dos à cette victime, il a également tourné le dos aux preuves médico-légales, aux expertises, et aux autres preuves matérielles dans cette affaire", a-t-il déclaré aux journalistes.
De leur côté, les avocats de Dominique Strauss-Kahn, William Taylor et Benjamin Brafman, ont manifesté sans surprise leur satisfaction dans un communiqué diffusé après la décision du procureur. "Nous maintenons depuis le début que notre client est innocent", affirment-ils.
"M. Strauss-Kahn et sa famille savent gré aux services du procureur d'avoir pris leurs préoccupations au sérieux et d'avoir conclu de lui-même que cette affaire ne pouvait aller plus loin", ont-ils ajouté.
La tournure prise par les évènements, désormais favorable à Dominique Strauss-Kahn, ne signifie pas pour autant que ses ennuis judiciaires outre-Atlantique sont terminés. Même si l'abandon des poursuites pénales signifie pour lui le retour à une liberté totale - et notamment la possibilité de quitter à nouveau le territoire américain -,
la procédure civile entamée par la défense de Nafissatou Diallo suit son cours aux États-Unis. Cette procédure vise à obtenir des dommages et intérêts.
Une plainte doit par ailleurs être déposée en France, ce mardi, par la défense de Nafissatou Diallo pour tentative de subornation de témoin contre un adjoint au maire de Sarcelles. Les avocats de la femme de chambre guinéenne l'accusent d'avoir fait pression sur une femme affirmant avoir eu une liaison avec DSK pour la dissuader de témoigner.
En outre, le parquet de Paris a, de son côté, ouvert une enquête préliminaire
à la suite de la plainte de l'écrivain Tristane Banon, qui accuse Dominique Strauss-Kahn d'une tentative de viol en 2003. Dans ce volet de l'affaire cependant, les enquêteurs se heurtent à l'absence de preuve matérielle.