Depuis une semaine, les rebelles libyens se battent rue par rue pour prendre le contrôle de Zaouiah, une ville pétrolière stratégique située à une quarantaine de kilomètres de Tripoli. Reportage de nos envoyés spéciaux.
Les opposants au colonel Kadhafi poursuivent leur offensive en direction de Tripoli. Ces derniers jours, plusieurs villes, toutes situées à moins de cent kilomètres de la capitale libyenne, sont tombées entre leurs mains. La cité pétrolière de Zaouiah, à une quarantaine de kilomètres de la ville, est l’une des dernières positions tenues par le Guide. Les forces rebelles se battent rue par rue pour tenter d’en prendre le contrôle. Mais des snipers fidèles à Mouammar Kadhafi sont toujours positionnés dans plusieurs quartiers, et bien que la rébellion contrôle désormais plus de la moitié de la cité, "le drapeau vert du régime libyen flotte toujours sur Zaouiah", ont pu constater les envoyés spéciaux de FRANCE 24, Matthieu Mabin, Catherine Norris-Trent et Karim Hakiki.
"L’essence, c’est l’enjeu de la bataille de Zaouiah", explique Matthieu Mabin. Les forces de Mouammar Kadhafi défendent la raffinerie, qui s’étend sur presque deux kilomètres en bord de mer, dans la partie nord de la ville. Il s’agit de l'une des dernières sources d'approvisionnement en carburant de Tripoli, ce qui en fait un site capital pour les forces du Guide. La zone administrative du complexe est aux mains des rebelles, mais les infrastructures pétrolières sont toujours contrôlées par le régime. Dos à la mer, harcelées jour et nuit, les forces loyalistes résistent.
Manque de coordination
Confiante sur l’issue de la bataille, la rébellion a pourtant déjà adopté une
itfeuille de route pour l’après-Kadhafi. Mais pour Matthieu Mabin, cette initiative est "tout à fait prématurée". "Avant de l’adopter, explique-t-il, la rébellion devra d’abord apprendre à communiquer en interne." Les forces rebelles de l’Ouest libyen se composent en effet de deux groupes. D’une part, les forces d’origine berbère, qui sont à l’origine de l’offensive dans cette partie du pays ; d’autre part les tribus arabes. Or, les deux groupes ont bien des difficultés à coordonner leurs actions. Selon notre envoyé spécial, chaque faction se bat ainsi pour libérer sa ville, sans nécessairement combattre pour chasser les troupes loyalistes des cités voisines, ce qui rend difficilement envisageable la mise en place d’une avancée coordonnée vers Tripoli...