
Dix jours après le retrait surprise des Shebab, l'armée somalienne et les forces de l'UA ont repris le contrôle de plusieurs positions stratégiques dans Mogadiscio. Notre envoyé spécial James André a pu visiter ces anciens bastions rebelles.
Hier encore aux mains des Shebab, certains quartiers de la capitale Mogadiscio sont aujourd’hui sous le contrôle de l’armée somalienne. Depuis le retrait surprise des islamistes le 6 août au matin, les 9 000 hommes de l'Union africaine en Somalie (Amisom) et les troupes du gouvernement de transition ont ainsi repris les positions abandonnées par les insurgés, progressant avec prudence dans les rues de la ville détruite par plus de 20 ans de guerre civile.
À leur tête : le général Dagho Badan, l’homme-clé de l’armée somalienne. Carrure imposante, voix puissante, il contrôle, en qualité de vice-chef d’état major, les troupes sur le terrain. Ce jour-là, il a accepté d’emmener l'équipe de FRANCE 24 sur la ligne de front. L’objectif de sa démarche est clair : prouver que, contrairement à sa réputation, l’armée somalienne n’est ni indisciplinée ni mal entraînée.
"L’ennemi ne pourrait pas nous arrêter si nous décidions d’avancer"
Direction les anciens bastions shebabs, des ruines qui servent aujourd’hui de forts. De là, les soldats pilonnent les positions ennemies. Le secteur est dangereux, les hommes restent constamment sur le qui-vive. "Les ennemis ne sont pas loin", indique un soldat. Mais devant la caméra, Dagho Badan se veut rassurant : "Les islamistes ne pourraient pas nous arrêter si nous décidions d’avancer. Mais j’ai donné l'ordre à mes soldats de ne pas bouger. Nous avons besoin de sécuriser nos lignes avant d'attaquer."
La visite se poursuit, sous escorte militaire toujours, vers un immense stade de football à l’abandon, tristement célèbre pour avoir été le théâtre d’exécutions et d’amputations publiques menées par la milice liée à Al-Qaïda. L’endroit est maintenant gardé par une poignée d’homme équipés d’un seul char. Un bien piètre arsenal...
Dernière étape de l'expédition : l’ancien hôpital des insurgés islamistes, où les combattants blessés étaient soignés. Là encore, l’endroit est délabré, et quelques hommes surveillent le bâtiment. Toutes ces positions abandonnées par les insurgés, resteront-elles aux mains de l’armée ? Difficile à dire. En cas d’attaque des Shebab, nul ne saurait prévoir combien de temps l’Amisom et l’armée somalienne pourraient tenir…