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Les différents responsables du Parti socialiste (PS) ont vivement critiqué l'absence de mesures "à la hauteur de l'enjeu" dans les propositions formulées mardi par le président français et la chancelière allemande.

AFP - Dirigeants socialistes et candidats à la primaire ont rejeté la plupart des propositions issues de la rencontre Sarkozy-Merkel mardi, déplorant l'absence de mesures fortes contre la spéculation et réitérant leur opposition à la "règle d'or" visant l'équilibre budgétaire.

"Nouveau sommet d'impuissance", "très décevant", "demi-propositions", "pas à la hauteur de l'enjeu": dans des communiqués ou les médias, mardi soir et mercredi, les socialistes ont dénoncé avec vigueur les solutions annoncées la veille à Paris par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel pour sortir de la crise.

"Le soi-disant pacte de compétitivité Sarkozy-Merkel n'est en réalité qu'un pacte d'austérité", affirment dans un communiqué commun Harlem Désir, premier secrétaire par intérim, et Michel Sapin, secrétaire national à l'économie.

La critique la plus forte porte sur le renoncement à l'instauration d'euro-obligations qui remplaceraient les bons du Trésor émis par chaque Etat,

Le PS, plusieurs pays européens et la Commission européenne sont favorables à cette mesure dont ils jugent qu'elle permet de ramener le calme sur les marchés de la dette. L'Allemagne, opposée, avait demandé qu'elle ne soit pas à l'ordre du jour.

"Rien sur la spéculation, rien sur les eurobonds, aucune solution concrète", a ainsi déploré Jean-Louis Bianco, soutien de Ségolène Royal, candidate à la primaire.

"C'est un grand pas en arrière" du président de la République, a jugé François Hollande, l'un de ses rivaux, tandis que Laurent Fabius, qui soutient Martine Aubry dans sa campagne, a estimé que le chef de l'Etat s'était "couché" devant Mme Merkel: c'est une "faute majeure", a-t-il dit.

Nicolas Sarkozy "s'est assis sur le porte-bagage de l'Allemagne", a renchéri Arnaud Montebourg, lui aussi candidat.

Sans surprise, tous ont critiqué la demande aux 17 pays de la zone euro d'adopter avant l'été 2012 une "règle d'or" visant à l'équilibre budgétaire.

Depuis le début au printemps des débats parlementaires sur ce sujet, le PS ne cesse de dire son opposition à cette réforme constitutionnelle, estimant qu'il s'agit d'une manoeuvre politicienne du chef de l'Etat à quelques mois de l'élection présidentielle.

C'est un "piège", a ainsi souligné M. Hollande, dans lequel il évitera de "sauter à pieds joints".

Manuel Valls, autre candidat, ne la votera pas tant qu'elle ne sera pas précédée de mesures permettant de nouvelles recettes fiscales.

"C'est le pyromane qui souhaite être le chef des pompiers", a ironisé M. Fabius, estimant que "M. Sarkozy est le recordman absolu de l'endettement de la France".

Aucun ne conteste pour autant la nécessité de rétablir les comptes publics, mais tous estiment que la question sera tranchée par les Français lors de l'élection présidentielle de 2012.

Autre annonce: la proposition d'instaurer une taxe sur les transactions financières est "positive", pour M. Montebourg. Mais, "plutôt que de l'annoncer, mettons-la en place", a lancé M. Valls.

Enfin le projet de mettre en place un gouvernement de la zone euro se réunissant deux fois par an est "un petit pas" pour Hollande, une "bonne chose" pour Fabius. Mais, dit Montebourg, "c'est trop peu, s'il n'est pas déjà trop tard". Et de plaider pour "des mesures plus énergiques et plus dirigistes".

Au total, les socialistes demandent des mesures de "soutien à l'activité économique, à l'emploi, à la croissance" (Désir-Sapin). "Je n'entends toujours pas +régulation du système financier+, je n'entends toujours pas +croissance+ et +emploi", a renchéri Mme Aubry.