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Ahmed Refaat, juge d’Hosni Moubarak

L’homme qui préside la Cour pénale du Caire, où comparaît pour la deuxième fois ce lundi l’ancien président égyptien Hosni Moubarak, a acquis la réputation d’un homme intègre après plusieurs dizaines d’années de carrière.

Hosni Moubarak est le premier président du monde arabe à devoir répondre d'actes criminels perpétrés contre ses citoyens, les Égyptiens. Hosni Moubarak et son entourage sont accusés d’avoir participé aux meurtres de manifestants pacifistes qui étaient descendus dans les rues du Caire et d’autres villes du pays le 25 janvier 2011. À l’occasion de ce procès, tous les regards sont tournés vers un homme, Ahmed Refaat, le juge qui instruit l’affaire.

Né le 17 octobre 1941 dans l’un des plus vieux quartiers de la capitale égyptienne (Al-Hilmiya al-Jadida), Ahmed Refaat, président de la Cour pénale du Caire, vient d’une famille modeste. Son père, Fahmi, était architecte et a été l’un des premiers à travailler sur la construction des grands barrages d’Assouan. Son frère Essam a été rédacteur en chef économique au sein du quotidien "Al-Ahram".

Depuis le début de son mandat, il a jugé plusieurs affaires d’envergure qui ont marqué l’opinion publique égyptienne : celle du Patrimoine archéologique, pour laquelle des policiers, des inspecteurs archéologiques et des leaders du Parti national démocratique étaient accusés de trafic massif de pièces archéologiques, et celle de la banque Exterior, dont le directeur et certains employés étaient accusés de détournement d’argent, sous couvert de crédits. Dans les deux cas, le juge avait fait preuve d’une grande rigueur en prononçant des peines sévères.

Le traitement de ces affaires n’a en rien laissé présager d'une quelconque loyauté du juge Refaat envers l’ancien régime ou des liens avec les organes de sécurité égyptiens - notamment la Sécurité d’État, dissoute depuis la révolution. Ahmed Refaat est considéré comme un homme intègre, comme en atteste son refus d’instruire l’affaire impliquant deux de ses confrères, Hisham Bastawisi et Mahmoud Mehkki, vice-présidents de la Cour de cassation, déférés devant la justice par l’ex-ministre de l’Intérieur après avoir déclaré que les élections législatives de novembre 2010 étaient truquées.

Une autre affaire dans laquelle il s’est illustré fut celle du "groupe kotbiste" - en référence à Sayed Kotb - lorsqu'il libéra seize cadres des Frères musulmans, mouvement interdit à l’époque, car ennemi juré de Moubarak. À cette occasion, l'homme de loi prononça la phrase suivante : "Dans mon jugement, je me base sur des preuves, des documents et des faits. L’opinion publique ne me rachètera pas devant Dieu."

La décision de la Cour de lui confier l’affaire Hosni Moubarak a été largement saluée par la classe politique, surtout après le retrait du juge Abdel Salam Gomaa - choix très controversé en raison de ses liens avec le régime déchu. Le parcours d’Ahmed Refaat témoigne de son sens de l’équité. Il sera probablement l’homme qui jugera le régime Moubarak, si toutefois il parvient à mener l’affaire à son terme. En effet, Ahmed Refaat, qui a près de soixante-dix ans, doit partir à la retraite en septembre. Il restera néanmoins le président du tribunal jusqu’au 30 juin 2012, date de la clôture de l’exercice judiciaire en Égypte.