"Une cinquantaine de sites" en Bretagne seront concernés par la fermeture exigée par la ministre de l'Écologie Nathalie Kosciusko-Morizet. Sont concernées les plages où les algues vertes envahissent littéralement la côte.
AFP - Nathalie Kosciusko-Morizet a mardi ordonné la fermeture effective de toutes les plages où les algues vertes ne pouvaient être ramassées chaque 24 heures, afin de prévenir tout risque pour les personnes après la mort en Bretagne de sangliers ayant inhalé du gaz toxique.
La fermeture de ces plages, "une cinquantaine de sites" selon un expert, était l'une des mesures d'urgence réclamées par les écologistes et les scientifiques.
Cette annonce de la ministre de l'Ecologie intervient après la publication d'analyses établissant que la mort des animaux, décédés en grand nombre en juillet dans l'estuaire du Gouessant, près de Saint-Brieuc, était bien due à l'hydrogène sulfuré émis par les algues en décomposition.
"La priorité dans ce contexte c'est l'application des mesures de protection: aucune plage où les algues vertes ne peuvent être ramassées toutes les 24 heures ne doit être fréquentée", a déclaré la ministre, interrogée par l'AFP en marge d'un déplacement à Arromanches-les-Bains (Calvados).
"C'était la norme. C'est une exigence que j'ai réaffirmée de manière très très stricte après avoir reçu les analyses", dont les résultats ont été rendus publics dans la nuit de vendredi à samedi, a-t-elle souligné.
En pratique, "les algues sont ramassées aujourd'hui sur la plupart des plages" et une seule plage, celle du Gouessant où 36 sangliers et un ragondin ont été retrouvés morts, est fermée, a-t-on précisé au ministère.
Mais le cas échéant, le suivi pourra être "vérifié notamment par les gendarmes", a souligné cette source.
itPour le docteur Claude Lesné, ancien chercheur au CNRS, spécialiste de la toxicité des polluants aériens, "une cinquantaine" de sites pourraient être concernés en Bretagne.
Toutefois, "les dépôts d'algues peuvent évoluer d'un jour à l'autre et même d'une marée à l'autre", certaines plages pouvant n'être affectées que temporairement, a-t-il indiqué à l'AFP.
Selon lui, loin de nuire au tourisme dans la région, "le fait que les autorités finissent enfin par reconnaître la réalité et adoptent des mesures en conséquence peut restaurer la confiance des gens", alors que la grande majorité du littoral est saine, a-t-il estimé.
"Aujourd'hui, chacun a pris conscience que l'on était devant un problème de santé publique", s'est félicité le porte-parole de l'association Eau et rivières de Bretagne, Jean-François Piquot.
Pour M. Piquot, "le plan algues vertes doit être accéléré et les mesures de santé publiques doivent être renforcées".
"Un jour il faut que ça s'arrête. Ca fait 20 ou 30 ans que ça dure. Là dessus, c'est la mise en oeuvre du plan algues vertes", a elle aussi estimé Mme Kosciusko-Morizet mardi.
Adopté l'an passé par l'Etat et les collectivités locales après la mort en 2009 d'un cheval et d'un convoyeur, ce plan prévoit le ramassage systématique des algues là où c'est possible et la réduction à terme des rejets azotés qui favorisent cette prolifération.
Prévu pour huit baies, il n'a pour l'instant été signé que pour une seule d'entre elles, celle de Lannion, et doit être signé en septembre pour la baie de Saint-Brieuc.
"L'agriculture a une part importante dans les nitrates qui sont produits en Bretagne et se retrouvent dans les rivières", mais il faut du temps pour modifier un système de production qui existe "depuis des décennies", a estimé Mme Kosciusko-Morizet.
Elle a toutefois exclu que le gouvernement revienne sur le projet d'assouplissement des règles d'épandage du lisier dénoncé par les associations, arguant d'une adaptation des normes françaises aux normes européennes.
Dans les Côtes d'Armor, 23.473 tonnes d'algues vertes avaient été ramassées au 9 août, soit légèrement plus que l'année précédente à la même date, selon la préfecture.