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Quelques heures après l'Arabie saoudite, le Koweït et Bahreïn ont rappelé leurs ambassadeurs en Syrie afin de protester contre la répression sanglante du mouvement de contestation du régime de Bachar al-Assad.
Près de cinq mois après le début du soulèvement en Syrie, les pays du Golfe haussent le ton contre le régime de Bachar al-Assad. Ce lundi, le Koweït et Bahreïn ont rappelé leurs ambassadeurs en Syrie pour consultations.
Quelques heures auparavant, Riyad avait fait de même, le roi Abdallah annonçant dans un communiqué que "le royaume saoudien ne [pouvait] aucunement accepter ce qui se passe en Syrie" et que "les événements [la répression du soulèvement populaire contre le régime de Bachar al-Assad, NDLR] ne se prêtaient à aucune justification".
Ces initiatives interviennent après deux journées particulièrement meurtrières en Syrie. Au moins 54 personnes ont péri, dimanche, dans des assauts de l’armée contre les villes de Deir ez-Zor et de Homs.
Le mouvement lancé par Riyad a en outre de quoi surprendre, l'Arabie saoudite étant habituellement assez discrète sur la scène diplomatique. Riyad était en effet resté silencieux face à la répression des soulèvements tunisien et égyptien par Zine el-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak, avant qu’ils ne conduisent à leur chute.
Les condamnations dans le monde arabe se multiplient
Pour Frédéric Encel, spécialiste du Proche-Orient et maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris, la décision saoudienne s'explique par le fait que "le pays veut jouer un rôle de puissance arabe sunnite au Moyen-Orient. Par conséquent, il ne peut pas se permettre de se taire face à une Syrie répressive". Majoritairement peuplée de sunnites, la Syrie est dirigée depuis 40 ans d’une main de fer par le clan Assad qui est, lui, issu de la minorité alaouite, une branche sécessionniste du chiisme.
Les rappels des ambassadeurs saoudien, koweïtien et bahreïni en Syrie sont "faibles" et arrivent "bien tard", poursuit toutefois Frédéric Encel, qui explique que "le rappel d’un ambassadeur est une mesure plus symbolique qu’autre chose".
Il ne s'agit pas, en outre, d'initiatives isolées. Samedi, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) - composé de l’Arabie saoudite, du Koweït, du Bahreïn, des Émirats arabes unis, d’Oman et du Qatar - avait, lui, appelé le régime de Bachar al-Assad à "la raison et à l'introduction de réformes sérieuses et nécessaires protégeant les droits et la dignité du peuple (syrien), tout en répondant à ses aspirations".
Longtemps restée muette, la Ligue arabe a elle aussi fini par prendre la parole, dimanche. Son secrétaire général, Nabil al-Arabi, a appelé Damas "à mettre immédiatement fin à tous les actes de violence et aux campagnes sécuritaires contre les civils".
Quelles conséquences pour la Syrie ?
Des réunions sur la Syrie sont par ailleurs prévues prochainement dans la région. Une réunion des ministres des Affaires étrangères du CCG sera organisée prochainement, a annoncé le Cheikh Mohammed al-Salem al-Sabah, ministre des Affaires étrangères koweïtien. Proche des cercles officiels saoudiens, Jamal Khashoggi a, quant à lui, confié à l’AFP qu’"une réunion - regroupant notamment Saoudiens, Américains et Turcs - devrait se tenir prochainement dans une capitale" du Moyen-Orient.
Pour Frédéric Encel cependant, il ne s’agit pas là de la mise en place d'éventuelles "coalitions" contre la Syrie. Il s’agit plutôt d’initiatives propres à chaque pays ou groupe de pays. Celui-ci ajoute d’ailleurs qu’"on ne peut en aucun cas s’attendre à une intervention militaire" contre Damas et que la "seule conséquence" de la mobilisation actuelle des pays arabes sera "un isolement diplomatique" accru du régime de Bachar al-Assad. "Une chose à laquelle il est habitué et qui risque bien, paradoxalement, de lui rendre service, car cela confirme sa théorie du complot", poursuit Frédéric Encel.
Le président Bachar al-Assad a une nouvelle fois justifié les interventions sanglantes de l’armée syrienne par une lutte contre des "hors-la-loi". Au moins 2 000 personnes ont trouvé la mort en Syrie depuis le déclenchement d'un mouvement de contestation du régime le 15 mars dernier, selon les militants des droits de l'Homme.