Après le retrait inattendu des Shebab, dans la nuit de vendredi à samedi, de Mogadiscio, les forces gouvernementales et l'Union africaine reprennent possession de la capitale somalienne. La nouvelle stratégie des islamistes reste une énigme.
AFP - Lentement, les troupes du gouvernement somalien (TFG) et leurs alliés de la force de l'Union africaine (Amisom) progressent dimanche dans les quartiers désertés la veille par les insurgés shebab dont quelques éléments sont restés en ville, provoquant accrochages et incitant les habitants à la plus grande prudence.
Chars et engins blindés de l'Amisom ont pénétré avec précaution dans le quartier du stade, dans le nord de la ville, à la recherche d'éventuels engins explosifs dissimulés sur le bord de la route et d'insurgés embusqués.
Les islamistes radicaux shebab ont déserté samedi entre 03H00 et 05H00, de façon ordonnée, la plupart de leurs positions stratégiques dans la capitale mais un nombre indéterminé d'entre eux étaient encore présents dans quelques secteurs du nord de la ville, provoquant des escarmouches avec les forces pro-gouvernementales.
Selon le correspondant de l'AFP sur place, deux combattants, un soldat du TFG et un milicien shebab ont été tués dans un de ces accrochages à l'arme automatique.
"Les troupes gouvernementales et les soldats de la paix de l'Amisom ont investi plusieurs positions, y compris le stade de Mogadiscio. Nous continuons d'avancer avec précaution dans les places fortes des shebab", a expliqué à plusieurs journalistes un haut responsable militaire somalien, le colonel Yussuf Dhegobadan.
"Un petit nombre d'entre eux (les shebab) tentent de tirer profit de notre progression pour mener des attaques désespérées mais nous leur faisons face et nous les éliminerons rapidement", a-t-il précisé.
La présence dans la ville d'éléments shebab et l'incertitude née d'un retrait surprise incitaient des centaines d'habitants, désireux de regagner leurs maisons, à la plus grande prudence également.
Samedi, un porte-parole des shebab, Ali Mohamed Rage avait affirmé que le retrait était le fruit d'un "changement de tactique militaire", sans toutefois en préciser la nature, laissant craindre au sein de la population la possibilité d'attentats.
"Personne ne peut encore dire ce qui va se passer car les combattants islamistes sont toujours actifs dans certaines parties de la ville et ils sont capables de perpétrer des attaques à n'importe quel moment", a expliqué à l'AFP Abdi Saïd, un habitant du quartier de Wardhigley.
"Revenir dans nos maisons n'est pas simple pour le moment. Il faut tout d'abord penser à notre sécurité et personne ne peut pour le moment garantir que les combats sont terminés", a-t-il ajouté.
"Nous sommes très contents d'être là et de voir nos maisons pour la première fois depuis trois ans. Il est trop tôt pour y retourner mais nous nous préparons à les réparer car beaucoup d'entre elles se sont effondrées ou ont été endommagées à cause des tirs d'artillerie", a déclaré un autre habitant, Farah Mohamed, venu voir avec des proches sa maison du quartier du stade.
Les habitants de Mogadiscio ont payé un très lourd tribut à la bataille de Mogadiscio, en raison de combats à l'arme lourde où les obus de mortiers des deux camps venaient régulièrement faucher des familles entières réfugiées dans leurs maisons.
Les shebab, qui contrôlent la majeure partie du centre et du sud du pays, ont juré la perte du gouvernement du président Sharif Cheikh Ahmed, soutenu par la communauté internationale et dont le pouvoir ne s'exerce que sur la capitale somalienne.