Après une courte accalmie à la mi-journée, les marchés mondiaux sont repartis à la baisse. Deux semaines après un sommet censé régler la crise de la dette, Bruxelles a tenté d'apaiser les inquiétudes en demandant plus de temps aux marchés.
AFP - Après des mouvements de panique sur les marchés, les dirigeants européens se mobilisaient vendredi pour rassurer des investisseurs inquiets d'une contagion de la crise de la dette, seulement deux semaines après un sommet censé régler ce problème.
Revenu exprès de vacances, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a été le premier à intervenir vendredi, à Bruxelles.
Lors d'une conférence de presse, il a rappelé que l'accord trouvé par les dirigeants de la zone euro, au terme d'un sommet extraordinaire mi-juillet, comportaient de nombreux points techniques qui demandaient du temps avant d'être mis en oeuvre.
La Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds européen de soutien (FESF) travaillent "nuit et jour", a-t-il assuré, alors que certains s'inquiétaient de voir la zone euro sans pilote au mois d'août.
Il s'agit "d'une affaire de semaines et de non de mois", a-t-il martelé, de nombreuses avancées étant attendues en septembre, quand les Parlements nationaux devront adopter les décisions prises le 21 juillet.
Outre un deuxième plan d'aide pour la Grèce, les dirigeants de la zone euro se sont mis d'accord lors du sommet de la zone euro, sur un arsenal de mesures pour lutter contre la crise de la dette, dont le renforcement du Fonds de soutien mis en place pour venir en aide en 2010 à l'Irlande et au Portugal.
M. Rehn a estimé que la capacité de prêts de ce fonds doit être renforcée, même s'il s'est refusé à entrer dans une bataille de chiffres. Le fonds dispose actuellement d'une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros, une enveloppe insuffisante pour sauver un pays de la taille de l'Italie.
Revenant sur les attaques subies sur les marchés par Rome et Madrid, le commissaire européen les a jugées "injustifiées" au regard des fondamentaux des deux pays. Pour lui, ils n'auront tout simplement pas besoin de plans d'aide.
Ces déclarations ont été boudées par les marchés financiers, qui se se sont uniquement focalisés sur le rapport sur l'emploi américain publié à 12H30 GMT.
Sortis meilleurs que prévu, ces chiffres ont permis aux Bourses et aux valeurs bancaires, jusqu'alors très malmenées, de rebondir.
Autre temps fort attendu ce vendredi : une conférence téléphonique doit avoir lieu entre le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero, qui a déjà repoussé ses vacances cet été pour suivre de près l'évolution de la situation.
Alors que la France est à la tête du G20 jusqu'à fin 2011, M. Rehn a d'ailleurs estimé qu'une coordination -- avec le G7 également --était capitale pour résoudre la crise que traverse la zone euro.
Le président Sarkozy s'était entretenu mercredi et jeudi avec le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, dont les annonces n'avaient pas calmé les marchés. Bien au contraire.
En annonçant jeudi de nouveaux rachats de dettes souveraines, M. Trichet répondait à une demande des marchés; mais son discours a rappelé aux investisseurs la fragilité de l'économie et l'ampleur de la crise.
En outre, les rachats réalisés jeudi n'auraient porté que sur la dette portugaise et irlandaise, deux pays couverts par un plan de sauvetage, selon plusieurs sources de marché. Or les problèmes sont actuellement en Espagne et en Italie, qui, à elles deux, pèsent 30% du PIB de la zone euro.
Vendredi, des rumeurs ont évoqué de possibles rachats de dettes italienne et espagnole par la BCE, ce qui a quelque peu soulagé le marché de la dette.
De son côté, Pékin a redit qu'elle maintenait entière sa confiance dans la zone euro et continuerait à soutenir la monnaie européenne. Le pays est connu pour acheter de la dette de pays européens fragiles.