Dans un courrier adressé aux dirigeants de l'UE, José Manuel Barroso appelle à une réévaluation des capacités du Fonds de soutien européen. Le but : prévenir tout risque de contagion de la crise de la dette à d'autres pays de la zone euro.
AFP - Le président de la Commission européenne a prôné une réévaluation des capacités du Fonds de soutien européen, déclarant que la crise de la dette s'étend au-delà des pays fragiles de la zone euro, dans un courrier adressé aux dirigeants de l'Union monétaire, obtenu jeudi.
"Je saisis l'occasion pour inviter à une rapide réévaluation des éléments relatifs au Fonds européen de stabilité financière (FESF) et au mécanisme appelé à lui succéder, afin de s'assurer qu'ils sont correctement équipés pour gérer des risques de contagion", a écrit José Manuel Barroso, dans une lettre adressée aux dirigeants de la zone euro et datée de mercredi.
Interrogée pour savoir si cela signifiait une augmentation du fonds, une porte-parole de la Commission européenne a répondu que la taille "faisait partie des éléments" appelés à être réévalués.
Ce fonds créé en 2010 pour venir en aide à l'Irlande puis au Portugal a une taille de 750 milliards d'euros, avec une capacité effective de prêts de 440 milliards d'euros, jugée insuffisante pour sauver un pays comme l'Italie.
Or, la crise de la dette "ne touche plus uniquement la périphérie de la zone euro (pays les plus fragiles, NDLR)", a estimé M. Barroso.
Des risques de contagion ont touché cette semaine l'Italie et l'Espagne, mais des pays moins endettés ou mieux notés par les agences de notation ont également été mis sous pression par les marchés et ont vu la prime de risque qu'ils paient pour se financer sur les marchés atteindre des niveaux record, comme la Belgique.
Dans son courrier, le chef de l'exécutif européen reconnaît également que "les décisions audacieuses prises lors du sommet de la zone euro le 21 juillet n'ont pas eu les effets escomptés sur les marchés".
Outre le second plan d'aide pour la Grèce, le sommet extraordinaire du 21 a entériné des modifications concernant le FESF, qui pourra intervenir sur le marché secondaire de la dette (où sont échangés les titres déjà en circulation) et aider, si besoin est, à recapitaliser des banques en difficulté.
Ces avancées doivent encore être approuvées par les Parlements nationaux à la rentrée, et des réticences sont redoutées dans certains pays.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déjà averti qu'il refusait de "signer un chèque en blanc" pour le rachat d'obligations par le FESF.
A l'heure actuelle, seule la Banque centrale européenne (BCE) peut acheter de la dette sur le marché secondaire, mais elle n'est pas intervenue sur les marchés depuis 18 semaines.
Lors de sa conférence de presse jeudi à Francfort, le président de la BCE Jean-Claude Trichet a annoncé une reprise des rachats d'obligations publiques.
Cette décision a été prise à une "majorité écrasante", a déclaré M. Trichet, sans toutefois dévoiler l'ampleur ou la nature des rachats.
Les détails de cette opération seront connus lundi au plus tôt, la BCE ne communiquant qu'une fois par semaine à ce sujet.
M. Barroso avait fait savoir mercredi qu'il allait écrire aux dirigeants européens pour les presser de mettre en place rapidement les mesures prises lors du sommet de la zone euro le 21 juillet.