Près de cinq mois après la catastrophe nucléaire de Fukushima, le gouvernement japonais s'apprête à remercier trois hauts responsables de l'énergie nucléaire pour leur mauvaise gestion de la crise ayant suivi l'accident.
AFP - Le Japon va limoger trois hauts responsables du secteur de l'énergie en raison de leur gestion de la crise nucléaire de Fukushima et d'une série de scandales qui ont alimenté la méfiance du public à l'égard du nucléaire, a annoncé jeudi le gouvernement.
Lors d'une conférence de presse, Banri Kaieda, ministre de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, a indiqué qu'il allait procéder à un remaniement au sein de son ministère (le Meti), chargé du développement et de la régulation de l'industrie nucléaire.
Il a souligné qu'il voulait ainsi "donner une nouvelle vie" à son puissant ministère.
Le ministre a confirmé les informations publiées dans les médias évoquant le limogeage d'un haut fonctionnaire, avec rang de vice-ministre, du directeur général de l'Agence pour l'énergie et les ressources naturelles et du chef de l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle.
"Nous avons discuté de ces changements depuis environ un mois", a dit M. Kaieda. Il a précisé que l'annonce officielle du départ des trois responsables interviendrait plus tard dans la journée.
Depuis l'accident survenu le 11 mars à la centrale Fukushima Daiichi, gravement endommagée par un séisme et un tsunami géants, le ministère a été au centre des critiques pour sa promotion de l'industrie nucléaire et ses tentatives de manipulation de l'opinion.
Les médias ont également évoqué la démission du ministre lui-même, dont les relations avec le Premier ministre Naoto Kan se sont détériorées au cours des derniers mois.
M. Kan, élu il y a plus d'un an, mais crédité aujourd'hui d'un taux de mécontentement record dans l'opinion, s'est prononcé récemment en faveur de l'abandon progressif de l'énergie nucléaire au Japon au profit des énergies renouvelables.
Il a critiqué les liens étroits unissant le Meti et le secteur de l'industrie énergétique, qui offre des postes confortables à de hauts fonctionnaires partant à la retraite.
L'accident de Fukushima, le plus grave depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, a développé un sentiment de méfiance de la population nippone à l'égard des centrales atomiques.
La colère de l'opinion s'est encore intensifiée après la révélation ces dernières semaines de tentatives de manipulation de la part de l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle. Selon la presse, l'agence demandait aux compagnies d'électricité de mobiliser leurs employés pour poser des questions favorables à l'énergie nucléaire lors de forums ouverts au public.
L'agence, dont la mission est de superviser l'énergie nucléaire et non pas d'en faire sa promotion, a annoncé l'ouverture d'une enquête par une commission indépendante.
Le Premier ministre Kan a l'intention de détacher l'agence du Meti afin d'augmenter son indépendance et renforcer son efficacité.