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La suite du procès d'Hosni Moubarak au Caire renvoyée au 15 août

Après une première audience, le procès d'Hosni Moubarak a été ajourné au 15 août. L'ex-"raïs", qui a plaidé non coupable, encourt la peine de mort pour meurtres et corruption. Le procès de l'ex-ministre de l'Intérieur reprend ce jeudi.

REUTERS - L'ancien président égyptien Hosni Moubarak, renversé le 11 février par la rue après 29 ans de pouvoir sans partage, est apparu mercredi allongé sur une
civière au premier jour de son procès au Caire.

L'ex-"raïs", qui encourt la peine capitale, a rejeté les accusations portées contre lui lors de cette première audience, qui a été levée dans l'après-midi.

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PORTRAIT DE HABIB EL-ADLI, EX-MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Les débats reprendront le 15 août.

Agé de 83 ans, l'ancien chef de l'Etat est notamment poursuivi pour corruption, détournement de fonds publics et homicides avec préméditation dans le cadre de la répression du mouvement de contestation de janvier et février qui a provoqué
sa démission et a fait, selon un bilan officiel, 840 morts.

C'est le premier chef d'Etat renversé à comparaître en personne devant ses juges depuis les révoltes qui ont éclaté l'hiver dernier dans le monde arabe et ont également entraîné la
chute en janvier du président tunisien Zine ben Ali.

Le juge Ahmed Refaat, qui préside la cour, avait demandé le calme absolu pendant toute la durée de cette audience qui se tenait dans l'enceinte de l'école de police, dans la banlieue de la capitale.

Le début du procès de l'ex-chef d'Etat, qui était hospitalisé à Charm el Cheikh depuis avril, était retransmis sur un écran installé à l'extérieur du bâtiment et diffusé en direct
sur les chaînes internationales d'informations.

"Je rejette toutes ces accusations"

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"on peut s'attendre à ce que les avocats de la défense demandent un nouveau report"

Pour l'accusation, il ne fait aucun doute que l'ancien raïs "avait l'intention de tuer" des manifestants pacifiques pendant les dix-huit jours de la révolte populaire, quand il a autorisé le ministre de l'Intérieur Habib al Adli à faire ouvrir le feu sur les rassemblements de l'opposition.

Habib al Adli figure parmi les accusés, avec les deux fils de l'ancien président, Alaa et Gamal, jugés pour corruption, et six anciens responsables du ministère de l'Intérieur.

Un avocat des familles des victimes de la répression a réclamé la peine capitale pour l'ancien ministre de l'Intérieur. Pour ce qui le concerne, une nouvelle audience du tribunal aura lieu dès ce jeudi.

"Je rejette entièrement toutes ces accusations", a déclaré Hosni Moubarak allongé sur une civière dans la cage réservée aux accusés tous habillés de blanc, comme c'est la coutume dans les tribunaux égyptiens. Ses deux fils, qui tenaient dans leurs mains des copies du Coran, ont fait de même.

Les avocats de l'ex-président et de son ancien ministre de l'Intérieur ont demandé à entendre comme témoin le président du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, qui a été pendant vingt ans ministre de la
Défense .

L'avocat de l'ancien chef de l'Etat a également réclamé la désignation d'un docteur spécialisé pour s'occuper de son client.

Moubarak hospitalisé dans la banlieue du Caire

L'un des défenseurs de l'ex-ministre de l'Intérieur a aussi souhaité l'audition du général Omar Souleïmane, ancien chef des services de renseignement, qui avait été nommé vice-président par Hosni Moubarak fin janvier.

En levant la séance, le président du tribunal a annoncé qu'Hosni Moubarak serait désormais hospitalisé dans un centre médical de la banlieue du Caire, et non plus à Charm el Cheikh. Il a requis la présence de tous les accusés lorsque les débats
reprendront.

L'ex-président avait quitté tôt dans la matinée l'hôpital de la station balnéaire du Sinaï, où il était soigné depuis avril, à bord d'un convoi motorisé avant de prendre l'avion en
direction de la capitale. Arrivé sur une base militaire du Caire, Hosni Moubarak a été ensuite été transféré jusqu'au tribunal en hélicoptère.

Partisans et adversaires de l'ancien dirigeants s'étaient rassemblés devant le complexe de l'école de police. Il y a eu quelques incidents et des jets de pierres entre groupes rivaux, qui ont fait une cinquantaine de blessés. "Moubarak, garde la tête haute", "Nous démolirons et incendierons la prison si Hosni Moubarak est condamné", ont lancé des manifestants favorables à l'ancien raïs.

Sur la place Tahrir, emblème de la "révolution du Nil" dans le centre du Caire, la sécurité avait été renforcée. Des policiers anti-émeutes et des soldats avaient été déployés et
des dizaines de camions de police étaient garés à proximité.

Le procès de Moubarak pourrait permettre d'apaiser la colère des manifestants qui ont occupé trois semaines durant en juillet la place Tahrir. Ils demandaient au CSFA d'accélérer les réformes politiques et économiques ainsi que les procédures
judiciaires à l'encontre des responsables de l'ancien régime.

Début juillet, l'ancien président tunisien Zine ben Ali avait été condamné par contumace à 15 ans de prison pour possession de drogue et d'armes. Il vit en exil en Arabie saoudite depuis son renversement le 14 janvier.