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Les débats sur la dette américaine englués dans une crise politique

À cinq jours du possible défaut de paiement qui menace les États-Unis, les blocages entre démocrates et républicains persistent. Le plan d'austérité que la Chambre des représentants s'apprête à voter risque d'être rejeté par le Sénat.

AFP - La Chambre des représentants américaine devrait adopter jeudi un plan de relèvement du plafond de la dette que le Sénat devrait ensuite rejeter, nouvelle manifestation du blocage politique persistant à Washington à cinq jours d'un possible défaut de paiement.

Malgré la nervosité croissante des marchés face à la perspective d'une cessation de paiement de la première économie mondiale après le 2 août, le porte-parole de la Maison Blanche a répété que l'exécutif restait "optimiste" sur la possibilité de voir les élus sceller un compromis de dernière minute.

"Nous sommes toujours optimistes sur le fait que le Congrès reviendra à la raison (...) et qu'un compromis sera trouvé", a assuré Jay Carney.

L'incertitude provoque une grande nervosité des marchés européens: Francfort a reculé de 0,86% et Paris de 0,57%, tandis que Londres finissait dans le vert après avoir été orienté à la baisse toute la journée. Wall Street regagnait un peu de terrain après de fortes pertes mercredi.

Quelque 14 patrons de banques, compagnies d'assurances et autres établissements financiers de Wall Street ont écrit jeudi au président Barack Obama et aux élus du Congrès pour les "appeler instamment à parvenir à un accord cette semaine".

Au Capitole, le président républicain de la Chambre, John Boehner, doit soumettre au vote de cette assemblée son plan budgétaire en début de soirée.

Mais la proposition républicaine n'ira nulle part. "Elle sera rejetée" au Sénat, a prévenu le chef de la majorité démocrate dans cette assemblée, Harry Reid, avant même le vote de la Chambre.

M. Boehner a pourtant continué jeudi, lors d'une ultime réunion à huis-clos, de rallier les mécontents et les indécis de l'aile droite du parti en vue du vote de la Chambre.

Par ce vote symbolique, les républicains entendent rejeter la faute d'un éventuel blocage sur le camp du président Obama.

Interrogé sur les intentions du Sénat, M. Boehner a dit au cours d'une conférence de presse: "il n'y a pas de raison qu'ils disent non. Il est temps pour quelqu'un dans cette ville de dire oui".

Le plan Boehner prévoit une réduction des déficits de 915 milliards de dollars sur 10 ans, en échange d'un relèvement du plafond de la dette de 900 milliards de dollars avant le 2 août. M. Boehner souhaite un autre relèvement début 2012, soit en pleine campagne pour les élections présidentielle et législatives de novembre.

Mais pour les démocrates, cette solution ne ferait que repousser le problème de six mois, exposant davantage les Etats-Unis à une dégradation de l'évaluation de leur dette par les agences de notation financière, et donc à une hausse des taux d'intérêts.

Un plan concurrent au Sénat, présenté par M. Reid, économiserait 2.200 milliards de dollars sur 10 ans, selon le Bureau du budget du Congrès américain (CBO), une agence indépendante.

Les démocrates souhaitent l'accompagner d'un relèvement du plafond de la dette suffisant pour tenir jusqu'en 2013. M. Boehner s'est élevé contre le "chèque en blanc" que les élus accorderaient avec ce plan à M. Obama, candidat à sa réélection en novembre 2012.

Des semaines de discussions n'ont pas suffi pour trouver un accord sur un plan de réduction des déficits accompagné d'un relèvement du plafond de la dette, qui a atteint mi-mai sa limite fixée par la loi de 14.294 milliards de dollars, soit presque 100% du PIB.

Après le 2 août, la première économie mondiale perdra sa capacité d'emprunt et risquera un défaut de paiement aux conséquences catastrophiques, selon le Trésor.

Mercredi, pour la première fois, la Maison Blanche a laissé entendre que le Trésor préparait l'adaptation du fonctionnement de l'Etat fédéral après cette date, en cas d'impasse persistante.

Mais un dirigeant de la banque centrale des Etats-Unis (Fed), John Williams, a souligné que son institution n'avait "pas de baguette magique" pour empêcher une cessation de certains paiements de l'Etat fédéral après le 2 août.