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Anders Breivik, proche du mouvement d'extrême droite English Defence League

Dans un manifeste qu'il a publié sur Internet, l'auteur présumé de la tuerie en Norvège a fait état de liens étroits avec l'English Defence League, mouvement d'extrême droite anglais connu pour ses positions islamophobes.

Le mouvement d’extrême droite britannique English Defence League (EDL) se serait bien passé d’une telle publicité. Le Norvégien Anders Behring Breivik, principal suspect

dans les attaques au cours desquelles 76 personnes sont mortes vendredi en Norvège, a publié sur Internet, quelques heures avant le massacre, un manifeste de près de 1 500 pages dans lequel il fait état de ses liens avec l’organisation anglaise.

"J’ai plus de 600 membres de l’EDL comme amis sur Facebook, et j’ai parlé avec des dizaines de ses membres et de ses leaders. En fait, je suis l’un de ceux qui leur ont fourni le matériel idéologique (incluant des stratégies rhétoriques) au tout début", écrit le tireur présumé dans son manifeste intitulé "A European declaration of independance – 2083" (Une déclaration européenne d’indépendance – 2083), et intégralement rédigé en anglais.
Malaise dans les rangs de l’EDL. L’organisation s’est immédiatement fendue d’un communiqué publié sur son site internet, suivi peu après d’un second, niant toute relation avec l’auteur présumé de la tuerie de l’île d’Utoya. "Nous pouvons affirmer catégoriquement qu’il n’y a jamais eu aucun contact officiel entre lui et l’EDL", peut-on lire sur le site de English Defence League. "Nous avons 100 000 soutiens sur Facebook et notre page reçoit chaque jour des dizaines de milliers de commentaires. Et il n’y a aucune preuve que Breivik ait jamais fait partie de ses 100 000 soutiens."
English Defence League est née en avril 2009, au lendemain d’une manifestation d’une petite dizaine d’extrémistes islamistes qui avaient perturbé un défilé de militaires britanniques de retour d’Afghanistan. L’organisation se présente comme une réunion de simples citoyens exaspérés par les musulmans intégristes, mais elle se veut pacifiste, non raciste, non xénophobe et tente de se démarquer des partis d’extrême droite.
L’islamophobie au cœur de l’idéologie de l'EDL
Pourtant, selon The Guardian, les relations sont nombreuses entre le British National Party (BNP) et l’organisation EDL. L’organisation "pacifiste" est à l’origine de plusieurs manifestations monstres – souvent dans des villes hautement symboliques, notamment à Bradford où des émeutes raciales avaient eu lieu en 2001 – qui se sont soldées par de violents affrontements avec la police.
En novembre 2009, une équipe de FRANCE 24 avait enquêté sur le mouvement. Ouvertement islamophobes, les membres de l’organisation reprenaient les symboles des Chevaliers du Temple – ordre religieux ayant participé aux croisades au Moyen Âge - et s’élevaient contre le multiculturalisme européen. Dans son manifeste, Anders Behring Breivik affichait sa volonté de reformer une Europe des Templiers et fustigeait le parti Travailliste – la plupart des victimes de la tuerie faisaient partie d’un camp du parti – pour sa tolérance vis-à-vis de la religion musulmane.

"Ce qui m’a frappé, c’est la similarité entre la rhétorique d’English Defence League et celle d’Anders Breivik, analyse sur la BBC Matthew Goodwin, politologue spécialiste des mouvements d’extrême droite à l’Université de Nottingham. Ils parlent d’un affrontement des civilisations, parlent d’une islamisation de l’Europe, brandissent les valeurs chrétiennes… Même si EDL ne tient pas un discours explicitement violent, ces discours contribuent à la culture d’une lutte et d’une certaine violence".

Le politologue français Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, s’interroge sur la responsabilité des idées véhiculées par les formations islamophobes. "Il faut se poser la question des responsabilités de ces idées qui, depuis dix ans, présentent l’Europe comme un continent en voie d’islamisation et tous les musulmans comme des ennemis de l’Occident", déclare-t-il à l’AFP.
Si, pour l’heure, des liens ne sont pas officiellement établis avec l’EDL, la signature "Andrew Berwick London – 2011" à la fin du manifeste met clairement en évidence des liens avec le Royaume-Uni. Selon le Daily Telegraph, "les policiers de la section antiterroriste de Scotland Yard essaient maintenant d’établir si Breivik s’est rendu à Londres ces dernières années, et s’il faisait partie d’un réseau plus large se préparant à mener des attaques similaires". La police britannique mène son enquête en étroite collaboration avec la police norvégienne.