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Après sa comparution à huis clos devant la justice, le suspect du massacre d'Oslo Anders Behring Breivik doit être placé en détention provisoire pour huit semaines au moins. Selon les autorités, le bilan est désormais de 76 morts.

AFP - Anders Behring Breivik, le suspect du carnage de de vendredi en Norvège, a été placé en détention à l'issue de sa première comparution lundi devant la Justice qui, en décrétant le huis-clos, lui a refusé la publicité qu'il réclamait d'une audience publique.

Lors de cette comparution, Anders Behring Breivik a reconnu avoir perpétré le carnage qui a fait 76 morts vendredi en Norvège et va être placé en détention provisoire pour une période renouvelable de 8 semaines, dont quatre en isolement total, conformément aux recommandations de la police, a annoncé le tribunal d'Oslo.

Pendant l'audience, le suspect a reconnu les faits sans toutefois plaider coupable et a dit vouloir défendre son pays et l'Europe contre l'islam et le marxisme, a déclaré le juge Kim Heger à la presse.

L'audience a pris fin 40 minutes après avoir commencé en début d'après-midi.

Selon l'agence NTB, Anders Behring Breivik était arrivé au tribunal en empruntant une entrée située à l'arrière du bâtiment et des personnes se stationnant à proximité s'en sont pris au véhicule qui le transportait, une Mercedes blindée selon les médias, en criant "traître" et "salaud d'assassin".

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A midi, la Norvége s'est arrêtée pendant une minute
Anders Behring Breivik a évoqué l'existence de "deux autres cellules"

Drapeaux en berne, la Norvège avait auparavant rendu hommage aux victimes en observant une minute de silence entre 12H00 et 12H01 (10H00 et 10H01 GMT), imitée par les autres pays nordiques (Finlande, Islande, Suède et Danemark) et les institutions européennes.

Alignés sur le parvis de l'université d'Oslo, tout de noir vêtus, le roi Harald, son épouse la reine Sonja, arrivés sous les applaudissements de la foule, et le Premier ministre Jens Stoltenberg se sont figés aux 12 coups de midi. Seul le cri des mouettes est venu rompre le silence.

"Nous sommes un petit pays mais nous sommes un peuple fier", avait déclaré dimanche le chef du gouvernement, assurant que la Norvège "n'abandonnera jamais ses valeurs".

Le bilan des attaques a été revu à la baisse lundi et est désormais de 76 morts (contre 93 morts dimanche), dont huit dans l'explosion qui a ravagé le quartier des ministères et 68 lors de la fusillade sur l'île d'Utoeya, non loin d'Oslo, où quelque 600 jeunes étaient rassemblés.

Avant sa première comparution, Behring Breivik avait formulé deux souhaits auxquels le juge a refusé de souscrire.

Le premier était, selon son avocat, que "l'audience soit publique" et le second qu'il (Breivik) puisse à cette occasion "être vêtu d'un uniforme".

Dès 08H00 (06H00 GMT), de nombreuses équipes TV venues du monde entier et plusieurs camions équipés d'antennes satellite s'étaient rassemblés devant le tribunal.

Grand blond aux cheveux courts, Behring Breivik, 32 ans, a affirmé avoir opéré seul lors de ses auditions par la police mais il a évoqué l'existence de "deux autres cellules" dans son organisation, a précisé un greffier du tribunal dans une conférence de presse qui a suivi l'intervention du juge.

Juste avant la tuerie, Behring Breivik a diffusé sur l'internet un manifeste de 1.500 pages dans lequel il se présente comme un croisé engagé dans une lutte contre l'islam et le marxisme.

Dans ce manifeste rédigé en anglais sous le nom d'Andrew Berwick et intitulé "A European Declaration of Independence - 2083", il explique avoir décidé de passer à l'acte dès l'automne 2009, détaillant par avance son modus operandi.

Il évoque "l'usage du terrorisme comme un moyen d'éveiller les masses".

"Il considère que c'était cruel de devoir mener ces actions (les attaques de vendredi) mais que, dans sa tête, c'était nécessaire", a déclaré l'avocat, M. Lippestad.

En Norvège, où la peine maximale est de 21 ans de prison, des voix se sont élevées sur l'internet pour réclamer le rétablissement de la peine de mort.

Sur l'île d'Utoeya, le suspect, déguisé en policier et en possession de deux armes à feu, dont un fusil automatique, a tiré sans relâche sur les jeunes pendant plus d'une heure.

Des rescapés ont expliqué comment il avait pris pour cible des jeunes qui tentaient de s'enfuir à la nage, achevé les blessés et ciblé les tentes dans lesquelles les adolescents campaient.

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La police norvégienne mise en cause
Anders Behring Breivik a évoqué l'existence de "deux autres cellules"

Sur fond d'interrogations sur le délai d'une heure entre la première alerte sur la fusillade d'Utoeya et l'arrestation du tireur, la police a fourni dimanche de premières explications, soulignant qu'une unité spéciale avait dû venir d'Oslo, à une quarantaine de kilomètres de là, et débarquer en bateau.

Le carnage a suscité une vague d'indignation et de compassion à travers le monde.

Le jour des attaques, Behring Breivik a aussi publié une longue vidéo sur YouTube, où il affiche sa farouche hostilité au multiculturalisme.

La vidéo décrit l'islam comme "la principale idéologie génocidaire". "Avant de commencer notre Croisade, nous devons faire notre devoir en décimant le marxisme culturel", affirme-t-elle.

Décrit comme un "fondamentaliste chrétien" par la police, Behring Breivik a été membre jusqu'en 2006 du parti du Progrès (FrP), une formation de la droite populiste norvégienne, favorable à une politique d'immigration ultra-restrictive.

Afin de contrecarrer la montée des idées d'extrême-droite en Europe, le premier ministre espagnol José Luis Zapatero a préconisé lundi à Londres "une réponse politique" concertée de l'Union européenne.

Le carnage en Norvège "n'est pas un événement de plus", a souligné le chef du gouvernement espagnol lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue David Cameron, avec lequel il venait de s'entretenir. "C'est quelque chose d'extrêmement grave qui requiert une réponse, une réponse européenne, une réponse commune pour défendre la liberté, pour défendre la démocratie (...), pour répondre à la xénophobie".