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Anders Behring Breivik comparaît à huis clos à Oslo

Anders Behring Breivik comparaît à huis clos devant un juge. Des médecins devront examiner la santé mentale de ce Norvégien de 32 ans, proche de l'extrême droite, qui a reconnu être le seul responsable du carnage qui a fait 93 morts vendredi.

REUTERS - Un tribunal norvégien doit ordonner ce lundi le maintien en détention d'Anders Behring Breivik au terme de sa première comparution pour le meurtre d'au moins 93 personnes dans un attentat et une fusillade vendredi, le pire massacre de l'histoire moderne de la Norvège.

Des médecins examineront également la santé mentale de l'accusé. Breivik, âgé de 32 ans, a reconnu devant les policiers être l'auteur des deux attaques, qu'il a expliquées par sa détermination à combattre l'immigration et à empêcher la diffusion de l'islam dans un message vidéo et un long manifeste de 1.500 pages posté sur internet.

La police est convaincue que l'homme a agi seul après avoir été déçu par les partis politiques traditionnels, y compris le Parti du Progrès (FrP), formation populiste anti-immigrés qui a récolté plus de 20% des voix aux législatives de 2005 et 2009.

"Il était engagé politiquement et il s'est rendu compte qu'il ne parvenait pas à ses fins avec les instruments politiques traditionnels. Il a donc eu recours à la violence", a expliqué son avocat, Geir Lippestad, à la chaîne TV2.

Anders Behring Breivik a confectionné une bombe, qui a explosé près des bureaux du Premier ministre et tué sept personnes, avant de gagner une île au nord d'Oslo où il a tué méthodiquement 86 adolescents rassemblés pour un camp des jeunes travaillistes. Il s'est rendu à l'arrivée de la police, plus d'une heure après le début de la fusillade.

"J'attends les résultats de l'examen médical", a ajouté son avocat. "Il s'explique de manière assez calme mais exprime une émotion de temps à autre. Il cache son visage dans ses mains."

Immigration

Le père du suspect est "sous le choc"

Jens Breivik, le père biologique du suspect des attaques d'Oslo, a expliqué dimanche qu'il avait reçu "un choc" en découvrant la photo de son fils sur les journaux en ligne.

"Je lisais les nouvelles sur Internet, et soudain j'ai vu son nom et sa photo. C'était un choc, je ne m'en remets toujours pas", a déclaré le retraité, qui vit en France, au journal norvégien Verdens Gang.

"Je suis sous le choc, c'est absolument terrible d'entendre ça", ajoute le père du meurtrier présumé qui affirme qu'il ignorait tout des activités de son fils.

Le père, divorcé de la mère du suspect peu après la naissance du garçon, explique avoir perdu contact avec son fils depuis 1995, lorsque celui-ci avait 15 ou 16 ans.

(via AFP)

A l'approche des élections municipales de septembre, le débat sur l'immigration devrait s'apaiser car tous les partis chercheront à prendre leurs distances avec les idées de Breivik, notent les commentateurs.

Le nombre d'immigrés a quasiment triplé en Norvège entre 1995 et 2010 pour atteindre environ 500.000 personnes, sur une population de 4,8 millions d'habitants.

Parallèlement, le Parti du Progrès est devenu en 2009 le deuxième parti représenté au parlement en menant campagne contre l'immigration et en instillant l'idée que les immigrants sont attirés par la générosité de l'Etat-providence norvégien.

Anders Behring Breivik a adhéré au Parti du Progrès pendant plusieurs années, avant d'en claquer la porte en le jugeant trop "politiquement correct".

Il a commencé alors à projeter de "résister".

Il a enterré des munitions il y a plus d'un an, soulevé des poids, accumulé des cartes de crédit et entrepris des recherches sur la fabrication d'engins explosifs tout en jouant à des jeux vidéo en ligne ou en allant, de temps en temps, dîner seul au restaurant, selon le récit des enquêteurs.

Après trois mois de confection laborieuse d'un mélange d'engrais, d'aspirine et d'autres produits chimiques dans une ferme éloignée d'Oslo, Breivik a conduit une voiture de location bourrée de son explosif au pied des bureaux du Premier ministre en plein centre de la capitale et déclenché sa bombe.

Il s'est ensuite rendu jusqu'à la petite île d'Utoya, 45 km au nord-ouest d'Oslo, où il a exécuté froidement des dizaines de jeunes gens.

Balles à fragmentation

Un chirurgien d'un hôpital où ont été admis 35 blessés a déclaré que le tueur avait apparemment utilisé des balles "dum dum" qui se fragmentent à l'intérieur du corps afin de maximiser les dégâts.

"Ces balles n'explosent pas à l'intérieur du corps mais se fragmentent en morceaux plus vite que les autres balles", a expliqué Colin Poole, chirurgien en chef du district de
Ringerike.

Il a fallu une heure pour qu'une équipe des forces spéciales de la police une fois alertée gagne l'île d'Utoya. Un bateau défectueux utilisé par les policiers a retardé l'intervention alors que le massacre était en cours.

La télévision norvégienne a réussi à affréter un hélicoptère et à filmer le tueur avant que la police n'arrive et que Breivik se rende sans résister.

"Il avait alors utilisé deux armes et était toujours en possession d'un nombre important de munitions", a précisé Johan Fredriksen, de la police d'Oslo. "La réaction de la police a donc empêché d'autres meurtres sur l'île."

Le tribunal d'Oslo examinera une requête de la police sur le maintien en détention d'Anders Behring Breivik. Cette requête doit être présentée dans les 72 heures suivant l'arrestation. L'audience, dont la date n'a pas été précisée, devrait avoir lieu dans l'après-midi, après 13h00 (11h00 GMT). Elle pourra avoir lieu à huis clos, comme le souhaite la police qui ne veut pas offrir à Breivik une tribune.

La police peut par exemple demander la détention du suspect pendant huit semaines en cellule d'isolement, sans possibilité de recevoir des journaux, des lettres ou des visites, à l'exception de son avocat. La durée peut ensuite être à nouveau prolongée.

Il pourrait falloir attendre un an environ avant un procès, a déclaré la police.

Selon la loi norvégienne, un prévenu peut être condamné à une peine maximale de 21 ans de prison, mais cette peine peut être durcie si les tribunaux considèrent qu'il existe un risque de récidive.

"En théorie, il peut rester en prison pour le restant de sa vie", déclare Staale Eskeland, professeur de droit pénal à l'université d'Oslo.

La Norvège observera une minute de silence à midi (10h00 GMT) et une procession funèbre aux chandelles sera organisée dans la soirée. 

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La police norvégienne mise en cause
Anders Behring Breivik comparaît à huis clos à Oslo