Une finale inédite entre l'Uruguay et le Paraguay va clôturer, ce dimanche, l'édition 2011 de la Copa America. Une compétition qui a laissé de côté le beau jeu pour mettre en avant des valeurs majoritairement tactiques et défensives.
En 2011, la Copa America aura rimé avec combat. Loin des clichés de l’Amérique du Sud joueuse et spectaculaire, les sélections nationales engagées dans la compétition, disputée en Argentine, ont démontré que le football était de plus en plus un terrain de guerre tactique où règnent les défenses de fer.
Face aux artistes brésiliens et aux techniciens argentins, les "petites équipes" ont joué la gagne. Et tant pis si le spectacle n'est pas toujours au rendez-vous, la victoire est au bout.
En début de compétition, l’Uruguay a régalé. Mais dans les dernières encablures, la Celeste a mis de côté les fantaisies pour se recentrer sur les valeurs montantes de cette édition 2011 : rugosité, solidarité et solidité.
En face, le Paraguay, miraculé du mois, est révélateur de cette nouvelle tendance. Sans remporter un seul match de la compétition - mais sans en perdre non plus -, les hommes de Gerardo Martino se sont hissés en finale de la coupe continentale. Une performance incroyable, en grande partie due à la très grande forme du gardien Justo Villar.
Révolution
Les deux dernières finales de la Copa America avaient vu les deux géants du football sud-américain s’affronter. Et par deux fois le Brésil avait vaincu l’Argentine, son éternel rival.
Cette année, dès les quarts, les partenaires de Ganso ont buté sur l’invincible Paraguay, aux tirs aux buts. Ceux de Messi ont connu le même sort face à l’Uruguay. La Seleçao et l’Albiceleste ont pourtant tout tenté, mais les verrous étaient armés.
Si l’épilogue surprend le grand public, les spécialistes réfutent l’idée d’une révolution brutale. "La Copa America a plus souvent donné lieu à de rudes combats qu’à des matchs spectaculaires, rappelle Xavier Barret, journaliste pour l’hebdomadaire spécialisé France Football. En Europe, on a l’image des artistes sud-américains des grands championnats. Ce stéréotype est largement véhiculé par les médias. Mais depuis les années 1970, la réalité est toute autre. Même auparavant, en dehors du trio Brésil-Argentine-Uruguay, les sélections nationales sud-américaines ont toujours pratiqué un jeu rugueux."
Vainqueurs sans panache
S’il est difficile d’y voir une tendance ferme, force est de constater que les dernières grandes compétitions n’ont pas toujours sacré les sélections les plus portées vers l’avant. En 2004, la Grèce a décroché son premier sacre européen en marquant seulement 7 buts en six matchs, contre 4 encaissés.
En 2006, l’Italie a marqué 12 buts pour décrocher sa quatrième couronne mondiale. Ses individualités, elles, n’ont pas particulièrement brillé. Les deux meilleurs buteurs de la Squadra Azzura durant la compétition, Luca Toni et Marco Materazzi, n’ont marqué que deux buts chacun.
Quatre ans plus tard, l’Espagne, dont le jeu de mouvement était pourtant loué par tous les amateurs, s’est offert son premier sacre en ne marquant que huit buts. Un record absolu pour la compétition. Et le vainqueur de la Copa America 2011, à moins d’une finale historique, ne dépassera pas ce total non plus.
Si les deux ambassadeurs du beau jeu que sont le Brésil et l’Argentine ont rapidement baissé les armes, cette Copa America n’aura tout de même pas uniquement consacré les défenses imperméables (malgré une moyenne inférieure à deux buts par match pour le moment). L’étonnant Venezuela, qui a buté sur le Paraguay en demi-finale (aux tirs aux buts), restera incontestablement la belle surprise de cette édition 2011. Les joueurs de César Farias ont atteint pour la première fois le dernier carré. Et, même si l’élimination face au Paraguay restera dure à avaler, ils quittent la compétition la tête haute. La Vinotinto a proposé du jeu et n’a pas eu à goûter à la défaite.
Finale de la Copa America 2011 : Uruguay-Paragua, dimanche à 16 heures (heure locale, 19 heures GMT), au River Stadium de Buenos Aires (Argentine).