logo

Le gouvernement déploie l'armée dans plusieurs villes pour mater les manifestants

L'armée malawite s'est déployée dans plusieurs villes pour mettre fin aux manifestations au cours desquelles au moins 18 personnes ont été tuées. Le président Mutharika, contesté par la population, a affirmé qu'il ne quitterait pas le pouvoir.

L'armée malawite partrouillait dans les rues de plusieurs villes du pays vendredi au lendemain de deux jours de manifestations inédites contre le président Bingu wa Mutharika qui ont fait 18 morts dans le pays.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont condamné le recours à la force et ont dénoncé la répression des autorités malawites sur les radios privées locales qui ont tenté de faire état de ces violences.

"Au vu des émeutes et des rumeurs de représailles, nous appelons les deux parties à la retenue", a indiqué l'ambassade américaine à Pretoria dans un communiqué.

Mutharika, ancien économiste de la Banque mondiale élu pour la première fois président en 2004, a appelé jeudi la population au calme lors d'un discours radiophonique.

"Je continuerai à gouverner le pays", a déclaré le chef de l'Etat dans son allocution. "Comme la constitution le prévoit, l'autorité pour diriger le gouvernement est entre mes mains et entre celles de personne d'autre".

Les manifestations, rares dans ce pays du sud de l'Afrique qui a été dirigé pendant 30 ans d'une main de fer par Hastings Banda, ne sont pas sans rappeler la vague de soulèvement populaire qui secoue l'Afrique du Nord et le Moyen Orient depuis le début de l'année.

Selon le porte-parole du ministère de la Santé, Henry Chimbali, dix personnes ont trouvé la mort dans les villes de Karonga et Mzuzu, dans le nord du pays, où des émeutiers protestant contre les pénuries chroniques de carburant, ont mis à sac mercredi les bureaux du Parti démocratique progressiste (PDP) du chef de l'Etat.

Huit personnes ont été tuées dans la capitale, Lilongwe, et dans la ville de Blantyre, théâtres de heurts entre policiers et manifestants réclamant la démission du chef de l'Etat engagé dans un bras de fer diplomatique avec la Grande-Bretagne.

Les relations entre les deux pays se sont tendues après la publication d'un câble diplomatique britannique qualifiant le chef d'Etat malawite de dirigeant "autocratique et intolérant envers les critiques".

A la suite de la publication, l'ambassadeur britannique à Lilongue a été expulsé et la Grande-Bretagne a suspendu son aide économique de 550 millions de dollars (385 millions d'euros) pour les quatre prochaines années.