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Yao Ming, la fin d'un rêve chinois

Le plus célèbre des basketteurs chinois Yao Ming a décidé de mettre un terme à sa carrière. Produit de la propagande chinoise des années 1970, le pivot géant (2.29m) a réussi à imposer le basket comme le deuxième sport du national.

À 30 ans, le géant chinois de la NBA (2,29 m) Yao Ming a annoncé la fin d’une carrière programmée avant même sa naissance. Né le 12 septembre 1980 à Shanghai, le "petit" Yao est avant tout l’aboutissement d’une politique eugénique lancée par le père de la révolution chinoise, Mao Zedong. Son but était de mettre en place une génération de sportifs parfaits, qui deviendraient les symboles d’une Chine conquérante dans le monde sportif.

À l’âge de 15 ans, sa mère, Dan Fang, est rapidement repérée par les autorités qui voient en elle une championne potentielle de basket. C’est avant tout sa taille (1,88 m) qui les attire. Dan aurait préféré une "carrière dans la chanson", avoue-t-elle au magazine américain du Time en 2005, mais son destin se décidera un ballon de basket à la main. Elle rejoint dans les années 1960 le centre d’entrainement de Shanghai, où elle devient une joueuse importante de l’effectif, avant de connaître la Révolution culturelle (1966-1969) à laquelle elle participe activement.

Il rêvait d'être archéologue

Après sa carrière, la mère du futur prodige, âgée de 28 ans, rencontre Da Yao, lui-même basketteur. Leur rencontre n’est pas le fruit du hasard, tous deux étant interdits d’avoir des relations sexuelles pendant leur carrière sportive. Leur entraîneur respectif, avec l’aval du parti communiste, les met en relation et les deux géants – Da Yao mesure 2.08 m - se marient et engendreront le prototype du basketteur idéal.

À huit ans, le jeune Yao Ming mesure déjà 1.70 m. Une taille qui dans un premier temps lui vaut les brimades de ses camarades de classe. À peine âgé de neuf ans, ses parents lui annoncent que le basket-ball prendra une place centrale dans sa vie. Qu’importe qu’il haïsse ce sport et rêve d’archéologie, il suit des entraînements intensifs six jours par semaine qui le pousseront au bord de l’épuisement. Un bref retour à l’école se solde par un échec. Trop en retard sur sa scolarité, Yao n’a pas d’autre choix que de revenir sur les parquets. À 13 ans, il atteint le double mètre et quitte le nid familial pour rejoindre la Shanghai Sports Technology Institute, où il restera huit ans avant que Nike le repère. En pleine ouverture économique sur le monde, la Chine est dans le viseur de la marque à la virgule et Yao Ming devient leur marchepied dans l’Empire du milieu.

Le sportif le mieux payé de Chine

En 2002, après un titre de champion avec le club de Shanghai, 40 points et 20 rebonds de moyenne par match, les dirigeants de l’équipe décident qu’il est temps pour Yao de rejoindre la NBA. Son départ faillit capoter lorsque Wang Zhizhi, un ancien soldat qui avait rejoint le championnat nord-américain, refusa de repartir en Chine pour s’entraîner avec l’équipe nationale. Échaudés par cet acte antipatriotique, les autorités refusèrent de laisser Yao partir. C’est seulement grâce à la pression de sa mère Dan Fang, qui le chaponnera jusqu’au Texas, que Yao put jouer avec les Rockets de Houston et devenir le premier non-Américain "premier choix" d'une draft (bourse aux nouveaux joueurs NBA).

Malgré des blessures à répétition et un bilan plutôt terne avec l’équipe texane - il ne remporte aucun titre avec les Rockets - le géant, qui atteint désormais des proportions hors du commun (2.29 m pour 134 kg), est devenu un phénomène aux États-Unis, mais surtout en Chine. Le basket est le deuxième sport le plus pratiqué derrière le tennis de table, avec 300 millions de joueurs. Un succès en grande partie imputable à Yao Ming qui est devenu, selon le magazine Forbes, la première star du sport chinois en termes économiques grâce à ses contrats avec Nike, Pepsi, McDonald et China Telecom. Reste que le porte-drapeau de la sélection chinoise aux Jeux olympiques de Pékin en 2008 a choisi la nationalité américaine pour sa fille. Une décision contestée par l’opinion publique chinoise mais qui demeure, tout de même, une belle ironie de l’histoire.