Soucieux de maximiser leur chance de battre Joseph Kabila lors de la présidentielle de novembre, les partis de l’opposition caressent le rêve de se trouver un homme providentiel. Un pari loin d'être gagné...
Actuellement en tournée en Europe, Étienne Tshisekedi, l'opposant historique au régime de Mobutu (1965-1997), se présente à qui veut l’entendre comme “le candidat idéal” de l’opposition pour la présidentielle du 28 novembre. Mais l’Union pour la nation congolaise (UNC) de l’ancien président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, actuellement détenu à La Haye, ne l’entendent pas de cette oreille.
Pourtant, en janvier, au lendemain de la réforme constitutionnelle ramenant à un tour le scrutin présidentiel, les principaux partis d’opposition étaient tombés d'accord sur la nécessité de présenter une candidature unique face au président sortant, Joseph Kabila, qui, bien que cela n’ait pas été officialisé, devrait remettre son mandat en jeu. Quelques forums censés dessiner les contours d’un programme commun avaient même été prévus avant la désignation du prétendant.
La pilule "Tshisekedi homme-providence" encore dure à avaler
Mais, faisant fi de ces engagements, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) répète à l’envi que son leader, Étienne Tshisekedi, est “la seule personnalité politique” susceptible de représenter l’opposition congolaise dans la course à la présidence. Une alliance politique a déjà vu le jour, la “Dynamique Tshisekedi président”, qui invite les autres partis à “s’aligner derrière sa candidature”.
Pour Alexis Mutanda, le directeur de campagne d’Étienne Tshisekedi, interrogé par FRANCE 24, “l’UDPS étant la fille aînée de l’opposition [le parti revendique plus de 30 ans de lutte contre le régime de Mobutu, NDLR], il s'agit du regroupement politique le plus à même de remporter l’élection présidentielle devant le candidat du pouvoir”. Et d’insister : "Étienne Tshisekedi est un homme extrêmement populaire, qui incarne un esprit de changement depuis plusieurs années”.
Un empressement qui ne laisse pas d’agacer dans les rangs du MLC. Joint au téléphone par FRANCE 24, son représentant en France, Emmanuel Ikabanga, s’attache à rappeler que l’opposition “ne doit pas brûler les étapes”. “Pour une alternative crédible, nous devons considérer l’option d’une candidature unique comme un processus, préconise-t-il. Chaque parti doit présenter, d’abord, son candidat et son projet de société. Ce n’est qu’après que nous pourrons désigner le meilleur candidat pour l’opposition suivant les critères établis. Nous ne sommes donc pas d’accord avec l’idée d’homme-providence que l’UDPS tente de faire passer.”
"L’absence de candidature unique ne nous condamne pas à l’échec"
Même son de cloche dans le camp de Vital Kamerhe, où l'on réfute “tout schéma d’imposition d’un homme” comme candidat de l’opposition. Et prône “un consensus autour d’une personnalité capable de fédérer, apte à restaurer la paix dans l’est du pays”.
Conscient des difficultés qui attendent l’opposition, Jean-Beaudoin Mayo, porte-parole de l’UNC, estime qu’elle “doit continuer à croire à la victoire à l’élection présidentielle", comme il l'a confié à FRANCE 24. Tout en ajoutant, lucide : "Une candidature commune pouvait maximiser nos chances de gagner les élections. Comme nous n’y parvenons pas, cela n’est pas non plus une sentence qui nous condamne à l’échec”.
Tout porte à croire que le scrutin du 28 novembre ressemblera donc à celui de 2006, à l'occasion duquel 32 candidats avaient concouru à la magistrature suprême…