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En pleine offensive diplomatique, le CNT réfute les accusations d'exactions

Habitations incendiées, hôpitaux pillés, civils violentés... Encore en quête de légitimité, la rébellion libyenne est accusée par l'organisation Human Rights Watch d'exactions dans l'ouest de la Libye.

Le Conseil national de transition (CNT), organe représentatif de la rébellion libyenne basé à Benghazi (est du pays), vient de franchir une nouvelle étape dans sa quête de légitimité depuis sa création en mars. Pour la première fois, ce mercredi, une délégation du CNT a été reçue à Bruxelles par les ambassadeurs des 28 pays de l'Otan et par son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.

Cette visite, qui avait pour objectif "d'échanger des points de vue", dixit le patron de l'Alliance atlantique, intervient en amont d’une réunion du groupe de contact sur la Libye qui doit se tenir vendredi à Istanbul. La résolution des problèmes financiers de la rébellion devrait être au cœur des débats.

En marge de cette visite, le CNT a enregistré, ce mercredi, la reconnaissance officielle des pays du Benelux (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas) comme "représentant légitime du peuple libyen". Ces pays européens emboîtent le pas à la France, qui avait ouvert le bal en mars, l'Allemagne, les États-Unis, l'Italie, le Royaume-Uni et la Turquie notamment.

Par ailleurs, les délégués de la rébellion devaient avoir un entretien mercredi après-midi avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, ainsi qu'avec le secrétaire général exécutif du Service d'action extérieure de l'UE, Pierre Vimont, en l'absence de Catherine Ashton, la diplomate en chef de l'UE. Enfin, ils doivent rencontrer jeudi le président de l'UE, Herman Van Rompuy.

HRW accuse les rebelles d’exactions

Ce ballet diplomatique intervient le même jour que la publication d’un communiqué de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) qui pourrait ternir l'image des rebelles. Ces derniers se seraient rendus responsables de violences en juin et juillet, dans la région du Djebel Nefoussa, une région montagneuse au sud de Tripoli, où la France, a récemment admis avoir procédé à des parachutages d'armes légères.

Qu'est-ce que le CNT ?

Le Conseil national de transition libyen est l’instance politique de l'insurrection contre le colonel Kadhafi. Il a été créé en février dernier à Benghazi, par les représentants de l'insurrection qui s'opposent aux forces du "guide suprême" libyen. A l'issue de sa première réunion, le CNT s'est déclaré dans un communiqué comme "le seul représentant de la Libye".

Il a également précisé que toutes les délégations diplomatiques à l'étranger ralliées à la révolte étaient considérées comme ses "représentants légitimes". Il siège "temporairement" à Benghazi, "jusqu'à la libération de la capitale Tripoli, son siège permanent".

"Dans quatre villages capturés par les rebelles dans les monts Nefoussa ces derniers mois, les combattants rebelles et leurs sympathisants ont saccagé des biens, brûlé certaines habitations, pillé des hôpitaux, des maisons et des commerces et frappé certaines personnes soupçonnées de soutenir les forces gouvernementales", dénonce HRW. Le numéro deux de la rébellion libyenne, Mahmoud Jibril, a réfuté mercredi ces accusations.

Pourtant, un commandant rebelle de la région, cité par l’organisation et identifié comme le colonel El-Moktar Firnana, a admis des abus et affirmé que des sanctions avaient été prises à l’égard des responsables. "Si nous n'avions pas donné des instructions, les gens auraient brûlé ces villages jusqu'au dernier", a affirmé le responsable.

Le CCNT "a des responsabilités particulières s'agissant de la promotion et de la protection des droits de l'Homme, dont les principes figurent dans sa charte constitutive", a réagi; mercredi, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. "Cela implique notamment qu'il prenne des mesures pour que des enquêtes sur les allégations d'atteintes aux droits de l'Homme soient diligentées et pour que les auteurs de violations répondent de leurs actes", a-t-il ajouté.

Présent dans la région du Djebel Nefoussa la semaine dernière, l’envoyé spécial de FRANCE 24, David Thomson, évoque de son côté "un paysage de désolation absolue". Il confirme avoir vu des maisons pillées et brûlées à quelques kilomètres avant le village de Goualich, situé sur la ligne de front entre les rebelles et les forces loyales au colonel Kadhafi, à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli. "Human Rights Watch révèle la part d’ombre des rebelles et rappelle que le rôle de ses leaders n’est pas forcément aussi lisse et idyllique que la coalition l’a parfois présentée", conclut David Thomson.