Deux jours de réunion sont organisés dimanche et lundi par le gouvernement syrien pour débattre de réformes politiques, et notamment d'amendements à la Constitution. Les opposants au régime de Bachar al-Assad ont décidé de ne pas y prendre part.
AFP - Une réunion sur le dialogue national, organisée par le régime syrien, s'est ouverte dimanche à Damas en présence du vice-président Farouk al-Chareh, mais sans l'opposition, qui refuse toute discussion tant que les violences se poursuivent.
Les participants ont observé une minute de silence à la mémoire des "martyrs", puis l'hymne national syrien a retenti.
La répression du mouvement de contestation, qui a commencé le 15 mars, a coûté la vie à plus de 1.300 civils, selon des ONG.
M. Chareh a affirmé au début de la rencontre que celle-ci visait à préparer une grande réunion nationale : "Nous allons avoir une réunion nationale globale pendant laquelle nous annoncerons la transition de la Syrie vers un Etat multipartite, démocratique, où tous seront égaux et participeront à l'édification de l'avenir du pays".
"Ce dialogue commence dans un climat inconfortable, de suspicion (...) et il y a beaucoup d'obstacles naturels ou artificiels qui (empêchent) la transition" vers la démocratie, a poursuivi le vice-président.
"Ce dialogue n'est pas une concession du gouvernement au peuple, mais c'est une obligation pour tous les citoyens", a-t-il martelé, avant d'annoncer la suppression d'ici à une semaine par le ministère de l'Intérieur des "obstacles au retour de tout citoyen en Syrie, ou à un voyage à l'étranger".
"Les circonstances ont empêché une application entière des lois récemment promulguées, comme celle qui a annulé l'état de d'urgence", a-t-il ajouté.
"Il faut sortir de ce cercle vicieux (...) et organiser des manifestations sans autorisation préalable entraîne une violence injustifiée", a dit M. Chareh.
"Il faut cependant reconnaître que sans les sacrifices consentis par le peuple syrien qui a versé son sang dans plus d'un gouvernorat, cette réunion n'aurait pas pu avoir lieu", a concédé le responsable.
"Sans un système politique multipartite démocratique (...) notre société ne parviendra pas à la liberté et à la paix civile", a-t-il ajouté, soulignant que "le dialogue doit se poursuivre sur le plan politique pour ouvrir une nouvelle page dans l'histoire de la Syrie".
Les participants doivent débattre pendant deux jours de réformes politiques, notamment d'amendements à la Constitution, en particulier à la clause qui fait du parti Baas "le dirigeant de l'Etat et de la société".
Des représentants du parti Baas, au pouvoir depuis 1963, et des personnalités indépendantes, comme le député Mohammad Habache, sont présents à la réunion.
En revanche, les opposants au régime du président Bachar al-Assad ont décidé de la boycotter. Ils réclament avant tout dialogue "le retrait des forces syriennes des villes, la libération des prisonniers politiques et des manifestants pacifiques, ainsi qu'une enquête sur les crimes commis contre les manifestants", a déclaré à l'AFP un opposant ayant requis l'anonymat.
Sur le terrain, les contestataires veulent aujourd'hui la chute du régime et exigent des élections libres, refusant toute discussion avec les autorités.
Dans un discours le 20 juin à l'Université de Damas, le président Assad avait appelé à un "dialogue national qui pourrait aboutir à des amendements à la Constitution ou à une nouvelle Constitution".