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De grands noms des scènes pop, rock, folk et électro (en photo : Thomas Dybdahl) réunis à Paris pour des projets originaux... Du 30 juin au 10 juillet, la Cité de la Musique réussit l'exploit du festival "Days Off" pour la 2e année consécutive.

La Salle Pleyel est un peu impressionnante pour un chanteur de pop-folk comme Thomas Dybdahl. "It's big and formal, but we should keep it small" ("C'est grand et officiel, mais on va en faire une salle intime"), s'amuse le Norvégien devant un parterre comble et prêt à crier son plaisir d'être là au premier riff de guitare. Grâce à la magie du festival Days Off, qui se déroule pour la deuxième année consécutive à Paris, de grands noms de la scène actuelle du "songwriting" pop, électro ou folk montent sur scène dans la capitale française pendant 10 jours : Cat Power, Metronomy, The Do...

Cette recherche de créations sonores et de rencontres musicales est l’aspect le plus alléchant du festival. Vendredi soir, Thomas Dybdahl a tenté l'expérience d'accompagner ses compositions d'un orchestre à cordes mis à disposition par l'Orchestre national d'Île-de-France. Quelques lignes de violoncelle, d'alto et de violon ont créé un écrin moelleux cousu sur mesure pour la voix fine de Dybdahl.

Plus tard dans la soirée, le Suédois Peter von Poehl s'est adjoint une dizaine de cuivres, délivrant des mélodies habitées de leitmotivs lancinants au tuba et au basson. La Salle Pleyel vibre de sons pleins.

La veille, c'était une création en hommage à Lou Reed, John Cale et leur Velvet Underground des années 1960. Ont été réunis sur scène The Hot Rats (Supergrass), Colin Greenwood (de Radiohead), Nicolas Godin (de Air), Nigel Godrich et Feist. Plus tôt dans le festival, Dominique A, Alex Beaupain, Benjamin Biolay, Arthur H et Jacques Higelin revisitaient le répertoire de Jacno (Denis Quilliard), précurseur de la pop électronique dans les années 1980.

Combien de temps à l’avance faut-il programmer un tel festival ? "Sûrement pas plus de 4 ou 5 mois", révèle Vincent Anglade, le programmateur de Days Off (ainsi que du festival "Jazz à la Villette", qui se déroule au mois de septembre). "Si vous vous y prenez plus tôt, les chanteurs ne savent pas s'ils auront toujours un groupe un an plus tard, s'ils auront un nouvel album, ou si leur projet s'adapte mieux au Zénith, au Point Éphémère ou à la Salle Pleyel. C'est un milieu très mouvant. Et Days Off essaie de coller au plus près de l'actualité."

La Cité de la Musique a beau être devenue une salle illustre pour les artistes français, y attirer les artistes étrangers reste plus compliqué... "Ils connaissent l'Olympia ou le Bataclan, mais pas forcément nos salles (la Cité de la Musique gère également la Salle Pleyel, NDLR). Et ils n'ont pas besoin de nous pour faire un projet classique de concert." C’est en jouant sur l’originalité que Vincent Anglade arrive à prendre ces grands noms de la scène actuelle dans ses filets : création avec orchestre, rencontre entre artistes et genres qui font la marque de fabrique de la Cité de la Musique et signent son exigence musicale.

Days Off a pris son essor en deux coups d'aile et installé à Paris un rendez-vous très prisé (tous les concerts sont pleins) dans des acoustiques prévues pour le classique et donc adaptées au folk intimiste, avec des artistes internationaux en plein essor. Il n'y avait qu'à Londres qu'on croyait cela possible...

"C'est vrai que, lorsque j'ai commencé cette programmation, j'avais Londres en ligne de mire, le Southbank Centre et le Barbican (deux institutions londoniennes qui programment indifféremment classique, pop, jazz, hip-hop, rock, théâtre, cirque et rencontres littéraires, NDLR)", reconnaît Vincent Anglade. "La scène british est très dynamique et ouverte à plein de croisements, alors que les choses sont plus cloisonnées à Paris : on dit au rock de rester chez lui, à l'électro de rester dans les clubs, au classique de rester à la Salle Pleyel. En Angleterre, le classique peut être joué dans une friche industrielle et l'électro aller au Southbank Centre. Les Britanniques sont plus en avance que nous. Mais on remonte la pente, je l'espère..." La preuve en musique jusqu’au 10 juillet.

Encore deux soirées : le 9 juillet, un concert mêlant musique et vidéo conçu par Bardi Johannsson; le 10 juillet, la pop festive du groupe suédois I'm from Barcelona. Site web : Days Off 2011

Concert des "Fleet Foxes" du 4 juillet, capté par Arte Live Web à la Salle Pleyel.