logo

Meurtre du journaliste Syed Saleem Shahzad : Islamabad dénonce les accusations américaines

Islamabad a jugé vendredi irresponsables les accusations de l'amiral américain Mike Mullen qui estimait, la veille, que le gouvernement pakistanais pourrait avoir approuvé le meurtre du journaliste Syed Saleem Shahzad en mai dernier.

AFP - Le Pakistan a dénoncé vendredi les propos "extrêmement irresponsables" du plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, lequel a estimé la veille qu'Islamabad pourrait avoir approuvé le meurtre en mai du journaliste Syed Saleem Shahzad.

M. Shahzad, 40 ans, qui travaillait pour un site d'informations basé à Hong Kong, était l'auteur d'articles sur les liens présumés entre Al-Qaïda et l'armée. Il avait disparu fin mai à Islamabad, et son corps avait ensuite été retrouvé à quelque 150 km au sud-est de la capitale.

Les remarques de l'amiral Mullen sont "extrêmement irresponsables" et "n'aident pas" à la résolution de cette affaire, estime le gouvernement dans un communiqué diffusé par le ministère de l'Information.

"Je n'ai rien vu qui démente l'information selon laquelle le gouvernement était au courant", avait déclaré à la presse le chef d'état-major interarmées américain, évoquant un article de lundi dans le New York Times selon lequel le meurtre du journaliste avait été ordonné par le puissant service de renseignement pakistanais (ISI). "Je suis très inquiet", a ajouté l'amiral Mullen, disant toutefois ne pas avoir vu de preuve de l'implication de l'ISI.

Islamabad a mis en place le mois dernier une commission chargée d'enquêter sur les circonstances de la mort du journaliste.

Or de telles déclarations sur cette affaire sont de nature à perturber cette enquête, ajoute le ministère pakistanais de l'Information.

Les relations entre Islamabad et Washington sont au plus bas depuis le meurtre de deux Pakistanais par un agent de la CIA en janvier à Lahore (est) et le raid clandestin d'un commando américain qui a tué Oussama Ben Laden à Abbottabad (nord) début mai.

Les Américains accusent régulièrement certains services de l'Etat pakistanais, notamment l'ISI, de soutenir des groupes armés islamistes, certains liés à Al-Qaïda.

L'amiral Mullen prône toutefois la patience avec Islamabad, dont la coopération est nécessaire pour lutter contre les sanctuaires d'Al-Qaïda et des talibans afghans dans les zones tribales frontalières du nord-ouest.

"Tout indique qu'il s'agissait d'un assassinat ciblé et délibéré visant probablement à créer une onde de choc dans la communauté des journalistes au Pakistan et dans la société civile", avait affirmé au New York Times un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat.

Syed Saleem Shahzad était responsable du bureau au Pakistan d'Asia Times Online, site d'information basé à Hong Kong. Son corps avait été retrouvé près de sa voiture à Sarai Alamgir, à quelque 150 km au sud-est de la capitale.

Il avait été battu et torturé à mort, selon un des médecins ayant pratiqué l'autopsie.

Il venait de publier une enquête dans laquelle il écrivait que l'attaque, les 22 et 23 mai, contre une base aéronavale à Karachi, dans le sud du pays, était une vengeance après l'arrestation d'officiers de la Marine "incontrôlés" et soupçonnés de liens avec Al-Qaïda.