
Accusé de conflits d'intérêts et de fuites dans la presse par l'avocat de la victime présumée de Dominique Strauss-Kahn, le procureur Cyrus Vance a exclu de se retirer. Les charges retenues contre l'ex-patron du FMI sont maintenues.
Dernier rebondissement de la saga judiciaire DSK. Kenneth Thompson, l’avocat de la victime présumée, a demandé à Cyrus Vance, le procureur de Manhattan, de se dessaisir de l’affaire et de nommer un procureur spécial pour le remplacer. En vain.
L’intéressé a catégoriquement refusé de passer la main. "Toute suggestion selon laquelle ce bureau devrait se retirer est complètement dénuée de fondements", a déclaré Erin Duggan, le porte-parole de son bureau.
Dans une lettre adressée au procureur mercredi, dont l'AFP a obtenu copie, Kenneth Thompson a accusé les services de Cyrus Vance d'avoir laissé filtrer des informations préjudiciables à sa cliente. "Votre bureau est apparemment responsable de fuites répétées dans les médias la semaine dernière, qui visaient à discréditer la réputation de la victime, voire, et c'est peut-être le plus grave, à ébranler les charges qui pèsent contre Dominique Strauss-Kahn", a-t-il alors écrit.
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Pire, dans sa diatribe, l'avocat de la victime présumée de l'ex-patron du Fonds monétaire international (FMI) évoque un possible conflit d’intérêts entre ce dernier et l'équipe du procureur. Selon lui, la chef de la division procès du bureau de Cyrus Vance serait mariée à l'un "des avocats de M. Strauss-Kahn".
Le New York Times avait évoqué cette affaire en juin et précisé que la femme en question, Karen Friedman Agnifilo, avait appelé Cyrus Vance dès que son mari, Marc A. Agnifilo, avait appris que son cabinet allait travailler pour DSK.
Le vent peut-il tourner en faveur de DSK ?
Quelques heures avant que cette lettre ne soit rendue publique, Cyrus Vance avait pourtant affirmé - après avoir rencontré la défense - que l'enquête poursuivait son cours et qu'aucune décision n'avait été prise. Une prise de position que Benjamin Brafman et William Taylor, les deux avocats de DSK, avaient refusé de commenter, se contentant d’évoquer "une rencontre constructive".
Toute la matinée, les médias avaient été suspendus au résultat de cette entrevue, attendant l'éventuelle annonce de l'abandon des poursuites contre Dominique Strauss-Kahn. Et ce, depuis la révélation du récit erroné, prononcé sous serment, de l'accusatrice, au cours d'une audience vendredi. Depuis, les spéculations vont bon train et une question se pose : le vent peut-il tourner en faveur de DSK ?
Il est encore trop tôt pour répondre, explique Emmanuel Saint-Martin, correspondant de FRANCE 24 à New York. Pourtant, l’affaire pourrait à nouveau rebondir dans les prochains jours. "On vient d’apprendre que certaines sources du côté du bureau du procureur auraient dit à plusieurs journaux, dont le New York Post, que Cyrus Vance pourrait abandonner les charges qui pèsent contre DSK dans les deux semaines à venir, commente-t-il. "Il pourrait même le faire avant la date de la prochaine audience, le 18 juillet." Une décision qui entraînerait, de facto, l’annulation de toute procédure.
Libéré vendredi de son assignation à résidence, l'ancien directeur général du FMI refuse toujours de négocier avec la partie adverse. Selon Emmanuel Saint-Martin, l'un de ses avocats, William Taylor, aurait récemment confié au New York Times "qu’il n’était pas question que son client plaide coupable. Et ce, même pour des charges mineurs."