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Tony Blair : "La situation actuelle en Syrie ne peut pas durer"

De passage à Paris, où il s’est entretenu mardi avec le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, le représentant du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair a accordé un entretien exclusif à FRANCE 24.

En visite à Paris, où il s’est entretenu ce matin avec le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, le représentant du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair a accordé un entretien exclusif à FRANCE 24. Il revient sur la situation en Syrie, où le régime de Bachar al-Assad tente d’étouffer un mouvement de contestation sans précédent, et sur le processus de paix, au point mort, entre Israéliens et Palestiniens.

L'ancien Premier ministre travailliste britannique est émissaire du Quartette au Proche-Orient qui regroupe les États-Unis, les Nations unies, la Russie et l'Union européenne. Il a effectué, au cours des quatre dernières années, 66 visites dans cette région qu'il connaît bien. Entretien.
FRANCE 24 : Que pensez de la situation en Syrie ? Les jours du régime du président Bachar al-Assad sont-ils comptés ?
Il est difficile de croire, quand on voit la répression qu’il fait subir à son propre peuple, que le président Assad pourra rester en toute légitimité à la tête de son pays. Mais il est aussi difficile d’envisager ce qui pourra se passer après son départ. Je crois qu’en ce moment il y a deux solutions possibles : soit des changements constitutionnels et une plateforme de réformes crédibles sont mis en place, et je pense qu’il y a une grande possibilité pour le faire. Soit, le président Assad quitte le pouvoir. Vu le contexte actuel - la pression du peuple et la transparence avec laquelle la population interagit via les médias sociaux -, il est impossible que la situation actuelle perdure.
F24 : Quels sont les effets du printemps arabe sur Israël et le processus de paix ?
Je pense qu’il y a un immense intérêt stratégique pour Israël à parvenir à la paix avec les Palestiniens car la région est en train de changer. Les Israéliens, qui s’inquiètent d’être entourés de pays hostiles, ont cependant réalisé que ce qui était prévisible ne l’est plus, avec le changement intervenu à la frontière avec l’Egypte. D’un autre côté, il faut absolument continuer à soutenir les Palestiniens dans leur volonté de construire un Etat. Pour eux, il s’agit d’une question existentielle pas simplement politique. Il est de notre devoir, nous les Occidentaux, de relancer les négociations dans ce contexte de printemps arabe, notre crédibilité dans la région en dépend.
F24 : Justement que pensez-vous de l’initiative française d'organiser à Paris une conférence de paix sur le Proche-Orient avant la fin juillet ?
Les Français ont raison quand ils disent qu’on ne peut pas rester dans l’impasse sans rien faire. Cette initiative est importante car il y a urgence à renouer les négociations entre les Israéliens et les Palestiniens. C’est une démarche qui ouvre la possibilité d’établir une base pour les négociations. Il y a beaucoup de changement dans la région, et il est donc très important de relancer le processus de paix. Car il n’y a pas d’alternative. L’alternative à la paix est la guerre.